Domaine skiable villarin : les sociétés des Sybelles pas intéressées
Suite à la rencontre entre la commune de Saint-Colomban-des-Villards et les sociétés de remontées mécaniques des Sybelles (14 août 2025, à Saint-Jean-de-Maurienne) qui avait abouti à des résultats peu concluants et parfois interprétés de manière différente, une nouvelle réunion s’est déroulée le 24 septembre dernier entre Laurent Deléglise, Gilles Buisson et Samuel Leroux (pour les sociétés de l’Arvan) et une délégation du conseil municipal de Saint-Colomban qui comprenait Pierre-Yves Bonnivard, Cédric Émieux, Valérie Favre-Teylaz, Christian Frasson-Botton et Dominique Metz (par téléphone).
Ultimes négociations
« Il s’agissait de prolonger la discussion du 14 août en limitant nos propositions à deux, auxquelles j’en ai personnellement ajouté une troisième » a expliqué Pierre-Yves Bonnivard en rendant publique cette réunion au conseil municipal du 26 septembre dernier.
• La première proposition soumise à MM. Deléglise, Buisson et Leroux étaient ainsi formulée : « L’objectif étant que la liaison avec les Sybelles fonctionne, êtes-vous prêts à exploiter l’ensemble du domaine de Saint-Colomban et, si oui, avec quel montant de participation financière de la commune pour vous aider ? Dans ce cas, la commune paie les grandes inspections des télésièges de l’Ormet et de Charmette. »
« On ne veut pas du domaine skiable entier de Saint-Colomban qui est déficitaire en moyenne de 600 000 euros par saison et parfois plus, ont répondu les trois dirigeants. Si vous voulez exploiter votre domaine, vous pouvez créer une régie. »
Cette proposition paraît surprenante car comment la commune s’y serait-elle prise si la réponse des trois exploitants avait été : « Oui, on accepte de gérer l’ensemble du domaine contre une participation financière couvrant le déficit. » ? Il aurait fallu dans ce cas qu’elle effectue (et paie) les grandes visites… et, qu’en 2026, elle inscrive à son budget une subvention d’équilibre à verser à ces exploitants, comprenant le déficit de l’exercice plus les amortissements, soit quelque 800 000 euros. Irréalisable voire impossible compte tenu des « surveillances » préfectorales dont la commune fait l’objet concernant ces subventions d’équilibre jugées illégales par la chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes…
• La seconde proposition demandait : « L’objectif étant toujours que la liaison avec les Sybelles fonctionne, êtes-vous prêts à exploiter le haut du domaine (téléski de Cuinat et télésiège de Bellard), et, si oui, quel montant de redevance êtes vous prêts à verser à la commune pour qu’elle accède, avec un autre exploitant, jusqu’au sommet de Charmette ? » Cette offre revenait à transférer aux sociétés des Sybelles les charges d’exploitation du haut du domaine (estimées par la Soremet à quelque 330 000 euros) et à demander en contrepartie le versement d’une redevance en guise de location, une baisse des charges et une recette supplémentaire qui auraient permis à l’exploitant chargé du bas d’atteindre le sommet de Charmette pour assurer la liaison avec les Sybelles…
« Dans ce cas, vous n’avez pas besoin de nous, vous pouvez créer une régie », ont de nouveau répondu les trois dirigeants, avant de préciser : « (en fait) vous nous demandez de prendre de notre côté des charges supplémentaires. Vous arrivez en tendant la main. »
• La dernière proposition mise sur la table par Pierre-Yves Bonnivard est évoquée depuis des mois : « Les sociétés des Sybelles sont-elles prêtes à exploiter le haut du domaine (téléski de Cuinat et télésiège de Bellard), sans liaison entre le bas de Saint-Colomban et les Sybelles (le domaine skiable de Saint-Colomban dans ce cas étant coupé en deux), et, si oui, quel montant de redevance ces sociétés sont-elles prêtes à verser à la commune. »
À cette suggestion, MM. Deléglise, Buisson et Leroux ont répondu : « (Exploiter le haut) ça nous coûte 330 000 euros. On ne pourra pas vous donner plus que ce qu’on donne aux autres dans le cadre d’autres DSP, soit au maximum 21 000 euros par an. » Ce qui a paru à la fois symbolique et dérisoire à beaucoup…
Sur l’immobilier
Selon le maire, la discussion se serait ensuite portée « sur les difficultés, contractuelles, financières et relationnelles que les trois sociétés Soremet, Satvac, et Samso rencontrent avec d’autres communes des Sybelles (le SIVU des Grandes Bottières qui regroupe La Toussuire et Les Bottières, et la commune de Saint-Sorlin-d’Arves) ». Sur ces « difficultés », Pierre-Yves Bonnivard a ajouté : « Je n’en dirais pas davantage (car elles) peuvent rentrer dans le cadre d’une politique de confidentialité des entreprises. »
Les dirigeants des remontées mécaniques ayant estimé que l’activité du ski à Saint-Colomban ne pouvait pas être viable sans la construction d’au moins 600 lits, les deux parties ont échangé sur l’immobilier. Répondant à une question de ses interlocuteurs (« La commune possède-t-elle du terrain constructible »), Pierre-Yves Bonnivard a expliqué : « La commune possède des terrains au Mollaret pour une possible 3e tranche, achetés en 2019, et un terrain de La Perrière à l’emplacement du bâtiment G, acquis en 2024. Cependant, a poursuivi le maire, en activant ses réseaux depuis des années, la commune n’a jamais trouvé de promoteur pour construire. Les derniers lits construits sont ceux du Mollaret en 2014, aujourd’hui exploités par Goélia. Cette opération avait pu se faire à l’époque, puisque le promoteur initial avait fait faillite après (avoir réalisé) 5 millions de travaux et que le second promoteur (le repreneur) avait pu terminer et équilibrer (cette) opération (parce qu’il avait) racheté le tout pour 300 000 euros. »
Puis répondant à une question (« La commune avait-t-elle pensé à céder gratuitement le terrain pour faciliter des constructions de lits », ce que les trois sociétés Soremet, Satvac et Samso ont fait avec un terrain leur appartenant à La Toussuire), le maire a affirmé « que la commune était ouverte à cette proposition mais qu’elle n’avait pas eu de contact avec quelque promoteur que ce soit ». Interrogés par le maire pour savoir s’ils connaissaient des promoteurs qui seraient prêts à investir à Saint-Colomban, MM. Deléglise, Buisson et Leroux ont répondu que non…
Enfin, MM. Deléglise, Buisson et Leroux ont jugé que le prix du mètre carré SHON (surface hors œuvre nette) pratiqué à Saint-Colomban (3 000 euros le m² en moyenne selon Pierre-Yves Bonnivard) correspondait au coût actuel de construction et de revient pour l’immobilier en montagne et, qu’à ce prix, une opération immobilière ne serait pas équilibrée et qu’il n’y aurait pas de promoteur pour la réaliser.
Et maintenant ?
Après cette rencontre avec les représentants des trois sociétés Soremet, Satvac et Samso, dont la conclusion est qu’il n’y aura pas de ski cet hiver dans la combe de Bellard et donc pas de liaison avec les Sybelles, le maire a proposé que le conseil municipal arrête une position pour la saison 2025-2026 afin « de donner de la visibilité à ceux qui nous la demande ».
C’est ainsi que le conseil municipal a décidé (unanimité) :
• de ne pas céder l’exploitation du haut du domaine (téléski de Cuinat et télésiège de Bellard) à la Soremet, sans liaison Sybelles possible, contre une redevance qui serait au maximum de 21 000 euros par an ;
• d’ouvrir le bas du domaine (tapis de l’Ourson, téléski de l’Épinette, téléski de Rogemont) afin « de continuer à proposer une offre ski et engager, dès cet hiver, un programme de diversification touristique ». Le coût de fonctionnement de ce périmètre réduit du domaine skiable devrait être compris entre 200 000 euros et 250 000 euros. Après ce vote, Pierre-Yves Bonnivard a indiqué : « Je solliciterais la préfète dès demain (N. D. L. R. : samedi 27 septembre 2025) pour obtenir son autorisation en sachant qu’il est possible qu’elle accepte ce déficit bien qu’elle ait dit 0 déficit en 2026, dans la mesure où on en propose une réduction significative. Naturellement les amortissements seront toujours à régler puisqu’on continue à exploiter le domaine skiable… Et la subvention d’équilibre à défendre auprès de la préfète sera en réalité de 400 000 euros ou 450 000 euros. »
Dans le cas où l’accord de la préfecture serait acquis, le conseil municipal a fixé (unanimité) la période d’ouverture du front de neige du samedi 20 décembre 2025 à 9 heures au dimanche 8 mars 2026 à 17 heures, avec « une gratuité totale pour la clientèle si c’est autorisé » par l’administration. Pour la gestion de ce site, Pierre-Yves Bonnivard a apporté cette précision : « Si nous avons l’autorisation de la préfète, il faudra pour exploiter (ce domaine) créer une régie municipale. Et je redis ici ce que j’ai déjà dit en réunion d’équipe, (à savoir que) pour des raisons personnelles je ne pourrais pas m’en occuper pleinement. »
Dans le cours de cette discussion sur la situation et l’avenir du domaine skiable, Pierre-Yves Bonnivard a déclaré « que dans le cadre de la faisabilité d’un projet structurant qui pourrait d’ici 2 ou 3 ans permettre de remonter le front de neige en Bellard avec l’implantation d’un téléporté », le 9 octobre prochain le conseil municipal recevra Hervé Gaymard, président du département de la Savoie, qui sera accompagné d’élus au conseil départemental.
Après ces décisions du conseil municipal, plusieurs personnes (élues et non élues) sont intervenues pour exprimer leur colère, leur peine, leur incompréhension face à cette considérable réduction du domaine skiable… Pour ne pas trop désespérer, on retiendra les mots de Grégory Le Goff (épicerie du Comberousse) : « Nous, de toute façon, on reste optimistes pour l’avenir et on n’a pas l’intention de partir de Saint-Colomban. »
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■ Photo de « Une » : le front de neige à La Pierre. – (Photo X.)
Bonjour Monsieur le Maire et élus, il y a 50 ans, j’apprenais à skier à St Colomban. J’en ai 59 à présent. Le domaine skiable a évolué normalement au fil des années comme il se doit.
Force est de constater que mes petits-enfants n’apprendront peut-être pas à skier à St Col. Mes enfants eux sont condamnés à aller voir ailleurs !
Vos voix sont arrivées de résidants et non résidants peu concernés par le développement de St-Col et sa station. Vous n’avez pas su les convaincre d’aller dans ce sens sans oublier la station « été » inexistante.
Les réponses des stations et autres organismes d’État sont claires et vous renvoient tous dans votre mairie où est la solution.
Finalement, je pense comprendre que vous ne vous êtes pas entourés des bonnes voix pour aller de l’avant et donner une véritable Ame à St-Col. St-Col se meurt.
J’ai un nom pour les prochaines municipales tiré d’un livre: « Le Feu sous la neige » pour que vive notre St-Col.
Avec bienveillance.