Une veillée sur le thème de la forêt a rassemblé 150 personnes
L’Espace Belledonne est une association loi 1901 créée en 1998 à l’initiative d’élus locaux de la partie Belledonne de l’Isère et de la Savoie. Très impliquée, par exemple, dans la création du sentier de grande randonnée GR 738 qui va de Vizille à Aiguebelle, elle a connu de vraies difficultés financières ces dernières années, mais s’est restructurée pour continuer à proposer projets et initiatives.
C’est en 2004 qu’Espace Belledonne a lancé les opérations Belledonne et Veillées (appelées aussi veillées en Belledonne). Une veillée doit nécessairement comprendre trois actes : un spectacle d’artistes professionnels pour susciter la rencontre avec l’expression culturelle, un temps d’échange qui peut prendre des formes multiples (débats, ateliers, marche, jeux, etc. afin de faire participer le public) et enfin un repas, pause gastronomique pour la convivialité. Si le spectacle et le temps d’échange portent sur le même thème, c’est parfait…
Ces veillées s’adressent avant tout aux habitants de Belledonne afin de créer des liens au sein des communes entre anciens et nouveaux habitants, jeunes et plus âgés… Chaque année, un appel à candidatures est lancé auprès des 59 communes du territoire de la chaîne de Belledonne située entre Isère et Savoie. Les veillées sont organisées au niveau local par des groupes de bénévoles (des relais locaux) plus ou moins institutionnalisés : conseils municipaux, comités des fêtes, associations communales, groupes d’amis, habitants d’un même hameau… Pour les Villards, c’est l’Association des Villarins et amis de la vallée des Villards qui en est la cheville ouvrière en partenariat avec les deux municipalités villarinches.

Organiser une veillée c’est collégialement trouver un lieu (privé ou public, intérieur ou extérieur), retenir un thème et un contenu, communiquer au niveau de sa commune et gérer l’accueil du public. À cet effet, des campagnes d’affichage et de distribution de flyers dans les boites aux lettres sont réalisées chaque année. Aujourd’hui, la manifestation concerne plus de 59 communes entre les départements de l’Isère de la Savoie. Plus de la moitié de ces communes ont déjà organisé une ou plusieurs veillées chez elles.
En cette fin d’année 2025, 6 veillées sont au programme : le 13 septembre, c’était aux Villards (la seule veillée en Savoie) sur le thème de la forêt ; suivront le 27 septembre Sain-Jean-le-Vieux (Vive les crêpes), le 3 octobre Theys (40 ans de l’Adabel !), le 4 octobre Les Adrets (Soirée mortelle), 25 novembre 2025 Vizille (La Cuisine, vecteur de rencontre) et (date et thème à venir) Saint-Martin-d’Uriage.
Le 13 septembre dernier à la salle des fêtes de Saint-Colomban le thème de la veillée était la forêt avec la participation de l’Association des communes forestières de la région Auvergne-Rhône-Alpe (AuRA) qui à 17 heures a proposé un spectacle-débat intitulé « Il était un bois », spectacle humoristique qui a exploré la forêt et la filière bois à travers conte et théâtre. Planqués chacun dans un tronc, les artistes ont emmené le public à la rencontre des arbres et de ceux qui les font vivre. Au terme de cette partie théâtrale, l’humour persistait lors d’un débat « comme à la télé » qui fut l’occasion d’apprendre un flot de données sur la forêt et son exploitation. Un vieux chêne plurimillénaire, un peu fantasque, nous a parlé de la forêt, de la gestion forestière, de la biodiversité et des conflits d’usage avec un œil un peu décalé, drôle et poétique, son discours étant accompagné par un dessinateur qui illustrait ces propos en direct. Puis le pseudo-débat mit en scène un journaliste et un éminent spécialiste de la forêt et de la filière bois. Ils abordèrent les thèmes de la filière bois et de la place de la forêt dans la transition écologique. Ces spectacles-débat ont déjà eu lieux à Annecy, Fontaine, Die, Eurre (Drôme), au lycée de Valence, Saint-Pierre-d’Entremont, Vollore-Montagne (Puy-de-Dôme) et Satillieu (Ardèche).
À 18 h 15, après les interventions des maires villarins et du représentant de l’Espace Belledonne, Jean-François Duc (maire de La Tritiné en Savoie) vint le temps du débat animé par l’Association des communes forestières de l’AuRA (lire l’encart ci-dessous) et des agents de l’ONF qui évoquèrent les forêts villarinches et notamment celle de la montagne de Fremezan. Outre les données très intéressantes, ce fut aussi l’occasion de poser des questions et d’échanger sur les enjeux actuels liés à la forêt, qu’ils soient d’ordre général ou plus personnel : « comment faire couper des arbres de ma forêt d’altitude ? » ; « comment faire couper un arbre limitrophe de ma maison si son propriétaire ne le veut pas ou est inconnu ? » ; etc.

Ces parties spectacle et débat, gratuites, ont rassemblé plus de 150 personnes, la salle des fêtes étant remplie de chaises qu’il a fallu ramener par deux fois. Un vrai succès !
Un peu avant 20 heures, vint l’heure du repas qui doit être proposé à prix coûtant (13 euros cette année). Il y avait quelque 110 convives (le prix explique-t-il l’affluence ?). Au menu : apéritif et amuse-bouche, poêlée de champignons chaude (dont des chanterelles de la vallée), rôti de porc, crozets, plateau de fromages divers, tarte aux pommes et raisin. Ce menu, concocté par Monique et Jean-Luc Pluyaud, les cuisiniers de l’association des amis des Villards, a encore une fois enchanté les papilles des convives à un point tel qu’on peut se demander s’ils n’ont pas troqué leur toque de cuisinier pour un chapeau de magicien afin de pouvoir proposer un repas d’une telle qualité pour 13 euros seulement !

Selon l’Espace Belledonne, chacune de ces veillées en Isère comme en Savoie mobilise une douzaine de bénévoles et attirent en moyenne plus d’une centaine de participants. On le voit, avec un thème intéressant, chaque année la veillée villarinche dépasse allégrement ces chiffres. D’une part par le nombre de bénévoles qui souvent au pied levé aident à la mise en place des tables pour le repas, la distribution des plats, le nettoyage à la fin de la soirée. Mais aussi par la fréquentation qui fait chaque année de cette rencontre un moment privilégié de l’animation villarinche.
Christophe Mayoux
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■ Les photographies qui illustrent ce texte sont de Patrice Gérard.
Pour une mise en œuvre claire des obligations légales de débroussaillement
La Fédération nationale des communes forestières a adressé le 24 avril 2025 une note de positionnement au gouvernement afin d’alerter sur les obstacles croissants rencontrés dans la mise en œuvre des obligations légales de débroussaillement (OLD), pourtant renforcées par la loi du 10 juillet 2023. Le débroussaillement est le meilleur moyen de protéger une habitation contre l’incendie et d’en limiter la propagation. Il s’agit d’une réglementation fondamentale de protection dans les espaces classés à risque d’incendies de forêt et de végétation. L’arrêté interministériel du 29 mars 2024 impose la prise en compte des enjeux environnementaux dans chaque arrêté préfectoral précisant les modalités de mise en œuvre des OLD.
La Fédération nationale des communes forestières alerte également sur les grandes difficultés de prise en compte de ces enjeux et la complexité d’écriture de ces arrêtés qui peuvent mener à des prescriptions parfois incohérentes, inapplicables, voire contre-productives. L’application des OLD devient donc très complexe avec des règles diverses en fonction des départements. Face à ces constats, la Fédération nationale des communes forestières appelle le gouvernement à une clarification immédiate. Elle demande la publication d’une nouvelle circulaire d’application de l’arrêté interministériel du 29 mars 2024, alliant clarté et applicabilité, dans une approche plus pragmatique. Cette circulaire devra permettre de dégager un cadre réglementaire pertinent et opérationnel. Elle rappelle que les OLD sont d’intérêt général : elles protègent les populations, les biens, mais aussi la forêt dans toutes ses fonctions, y compris environnementale. Il est indispensable de garantir leur mise en œuvre à la hauteur des enjeux.↩︎