Bel hommage des Villarins à Marc Vuillermoz qui quitte le Triandou

« Pas question de le laisser nous quitter sur la pointe des pieds ! » avait promis Jacqueline Dupenloup, maire de Saint-Alban-des-Villards, et la promesse a été tenue. Près de 90 personnes ont assisté le 4 octobre dernier, en fin de matinée, à « un moment convivial » organisé par la mairie pour remercier Marc Vuillermoz qui a quitté l’Auberge du Triandou à la fin de l’été.

Après quelques mots de Jacqueline Dupenloup et de Roger Favier, ancien maire de Le Châtel, un diaporama a retracé la place centrale qu’a pris Marc Vuillermoz dans ce qui fut un lieu animé du village « où les gens avaient envie de venir ». Au moment de son installation, ne déclarait-t-il pas : « Chacun sait qu’un village sans café est un village mort ! L’expérience prouve que quand on veut redonner vie à un village, on commence à rouvrir une épicerie et un café… » (*) Tous les participants (parmi lesquels on a noté la présence de Georges Quézel-Ambrunaz et Maurice Darves-Bornoz, anciens maires de la commune, et Pierre-Yves Bonnivard, maire de Saint-Colomban-des-Villards) ont ensuite été invités à rejoindre le rez-de-jardin de la mairie pour partager, sous le chapiteau, un apéritif (« digne du chef ! ») préparé par Jérôme Diacre, Frédéric Favre-Bonté, Valentin Moreggia, Monique et Jean-Luc Pluyaud.

« Voici donc l’intervention d’ouverture de ce moment particulier…, a lancé Jacqueline Dupenloup. J’aurais pu, c’est certain, la faire en mode littéraire. Lamartinien, en quelque sorte.

O Marc, ainsi le Triandou a marqué ta carrière,
Mais au hameau chéri où tu aimes t’assoir,
Tu pourras à loisir demeurer culinaire,
Lorsque sur le Grand Truc s’estompera le soir

« Mais hélas quelques activités annexes freinent mes élans poétiques, et je n’ai pu poursuivre cet exercice intéressant. Je me suis alors dit : ma fille, il faut cibler les questions essentielles. Et il en est une que chacun se pose : Mais Marc, au Triandou, depuis quand ? Ne l’a-t-on pas toujours vu ? N’a-t-on pas grâce à lui vécu des moments historiques, comme cette période étrange où la France entière se lamentait de vivre masquée, et où à Saint-Alban-des-Villards nous nous régalions des succulents plats à emporter de Marc, où nous dégustions ses apéritifs, en présentiel mais à distance, sans créer le moindre cluster ? Grâce à Marc, nous vécûmes ces moments là confinés, mais jamais isolés. Chapeau, l’artiste. »

« Par ailleurs, a poursuivi Jacqueline Dupenloup, n’est-il pas de nous tous le meilleur Républicain, capable d’amener la quasi-intégralité de la population devant les drapeaux du 14-Juillet, du 11-Novembre ou du 8-Mai, lorsque la cérémonie se clôt par « et maintenant, retrouvons-nous au Triandou… » ? N’a-t-il pas, aussi, soutenu tant de familles en deuil sortant de funérailles, célébré tant de moments amicaux ? Mais je m’égare et ne réponds pas, donc, à l’interrogation : Marc, au Triandou, depuis quand ? Cela mérite d’être creusé. J’ai fait appel à un laboratoire Carbone 14 dont je rappelle la fiabilité pour dater des objets jusqu’à 50 000 ans. Les scientifiques sont formels sur la présence de Marc dans la vallée des Villards : il n’a pas travaillé dans la grotte des Sarrazins, ni au four à pain de Bon Mollard. Sa présence à Saint-Alban, au Triandou, serait donc relativement récente. (…) Marc est arrivé au Triandou en avril 2006. Gérer une auberge pendant 19 ans et demi dans une petite commune comme la nôtre, créer un réseau de clients grâce à la qualité d’une restauration à base exclusive de produits frais et savoureux, c’est ce que tu as réussi Marc… Merci à toi. »

C’est après le départ de Marc Estrade (31 mars 2006) que le conseil municipal de Saint-Alban a choisi (22 avril 2006) Marc Vuillermoz pour lui succéder comme gérant du Triandou. Compagnon de Béatrice Darves-Bornoz (Le Bessay), Marc Vuillermoz n’était pas un inconnu à Saint-Alban où, pratiquant la pêche, il n’hésitait pas à emmener avec lui, sur sa moto, des jeunes du pays.

« C’est à l’Association des maires de Maurienne où ils étaient embauchés comme chargés de mission, que Béatrice Darves-Bornoz et Marc Vuillermoz se sont connus » a confié Roger Favier qui fut un actif président de cette association (aujourd’hui Syndicat du pays de Maurienne) à l’origine de leur recrutement au milieu des années 80. Après avoir travaillé plusieurs années pour cette association, Marc a travaillé à la mission emploi jeunes et à la société Alliance Réseaux. Son arrivée au Triandou, dans la restauration, était donc une reconversion professionnelle. Marc Vuillermoz : « Je travaillais pour l’Association des maires des Maurienne où je m’occupais de développement économique et d’emploi. (Mais) j’ai choisi de travailler dans un domaine que j’aime car j’aime cuisiner et j’aime manger ! J’ai toujours cuisiné… C’est d’ailleurs une vraie tradition familiale. Ma mère et ma grand-mère étaient de bonnes cuisinières. Et je connais bien le milieu montagnard, puisque mon père est du Val d’Aoste et que je suis né à Grenoble. »

Quelque vingt ans plus tard, de l’avis de tous, la reconversion a été une réussite humaine et professionnelle. Ce dont ne doutait pas, dès 2006, l’un de ses voisins : « Il aime la nature, Marc, les champignons et autres cueillettes. Et comme il en a le prénom et l’initiale du nom, je parie que Marc Vuillermoz, notre cuisinier de Saint-Alban, sera notre Marc Verrat à nous ! » Et aujourd’hui les Villarins se souviennent : « Se rendre au Triandou était pour nous les « Drômois » un lieu incontournable dans nos séjours aux Villards. » (…) « On s’y rendait non seulement pour bien manger ou boire un verre mais pour rencontrer ce cher Marc ! » (…) « Personnage attachant, vif et intelligent, plein d’humour et un tant soit peu provocateur, il savait, tel un acteur derrière son comptoir, nous offrir de bons et joyeux moments. » (…) « Marc a été le meilleur « réseau social » sur Saint-Alban au cours des dernières années (décennies ?) Il a vraiment œuvré pour favoriser les échanges et les rencontres entre personnes. » (…)« Excellent cuisinier, on n’oubliera pas ses gigots au romarin, ses côtes de bœuf à s’en lécher les babines avec ses petites pommes de terre, ses poêlées de chanterelles, son succulent risotto et ses plats de poisson, sans oublier ses gambas grillées, ses glaces… »

Ému par ces témoignages d’amitiés et de reconnaissance, Marc Vuillermoz a sobrement indiqué qu’il avait fait de belles rencontres avec le Triandou et remercié les maires avec qui il avait travaillé. Marc Vuillermoz a reçu une « cagnotte », à l’initiative de ses amis, et des cadeaux privés. La mairie lui a fait cadeau d’un bon d’achat à la cave à vins DiotVino (Saint-Jean-de-Maurienne) et offert une plante à Béatrice Darves-Bornoz, toute jeune retraitée du Syndicat du pays de Maurienne.

La municipalité fixe la perspective de réouverture de l’Auberge du Triandou à début février prochain.

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(*) Ces propos de Marc Vuillermoz et ceux qui suivent ont été recueillis par Jacqueline Dupenloup et Christophe Mayoux (Le Petit Villarin numéro 136, juin 2006).↩︎

■ Photo de « Une » : l’Auberge du Tiandou, lieu de rassemblement. – (Photo X.)