La 4C décide la fusion des offices de tourisme de La Chambre et des Villards
Le 24 février dernier, le conseil communautaire de la 4C a décidé de fusionner les deux offices de tourisme (OT) qui sont de sa compétence, à savoir l’OT Au pied des cols territoire de La Chambre et l’OT de l’Espace Glandon, dans une structure de type établissement public industriel et commercial (ÉPIC). Les statuts de cet ÉPIC devraient être adoptés prochainement. Le troisième OT présent sur le territoire de la 4C, celui de Saint-François-Longchamp, n’est pas concerné par cette opération car cette station est classée ce qui lui permet de conserver un office de tourisme propre.
Cette évolution résulte d’un constat établi par la commission tourisme de la 4C présidée par Pierre-Yves Bonnivard : « Malgré l’existence de ces deux structures, les missions principales d’un office de tourisme ne sont pas exercées de manière optimale ». D’où l’idée « de mutualiser les forces entre ces deux structures pour n’en former plus qu’une, en conservant deux sites d’accueil et en œuvrant pour la mise en place d’une taxe de séjour intracommunautaire » (1).
Selon Pierre-Yves Bonnivard, « il ne faut surtout pas parler de fusion mais de rapprochement. L’idée c’est d’avoir une seule structure OT sur le territoire de la 4C avec un seul siège qui peut très bien être dans les locaux de la 4C, afin de mutualiser les moyens en personnels et les moyens financiers. Ainsi nous aurons un comptable au lieu de deux, une assurance au lieu de deux, etc., pour une même structure qui prendra la forme d’un ÉPIC. (…) L‘objectif de ce rapprochement est d’avoir une seule structure plus efficace en terme de promotion, de communication, d’animation, etc., tout en conservant et renforçant les deux sites existants : celui basé a Saint-Colomban-des-Villards qui communiquera sur le nom de « Vallée des Villards » et celui basé à La Chambre. Pour qu’il soit plus visible, un travail est en cours pour déplacer le site de La Chambre dans les locaux de la Poste de La Chambre. » Et la Poste ? « En fait la Poste va réduire sa mission et, dans le bâtiment de la Poste actuel, il y aura une partie poste et une partie OT. On travaille actuellement cela avec les architectes. »

Mais « mutualiser les moyens en personnels et les moyens financiers », n’est-ce pas aller vers des budgets moindres et moins de personnels ? « Au contraire, réagit Pierre-Yves Bonnivard, ce rapprochement des deux OT devrait s’accompagner d’une augmentation des moyens financiers qui sont déjà alloués par la 4C pour pouvoir réaliser plus d’actions. Et Christian Rochette est allé dans ce sens : « Il faudra mettre les moyens financiers en cohérence avec nos ambitions. Donc l’idée ce n’est pas de réduire le budget global mais de l’augmenter pour qu’on puisse avoir les moyens notamment en termes de communication, d’animation et de promotion. » Y aura-t-il autant de personnel ? Honnêtement, notre réflexion n’est pas allée jusque-là. Mais il n’y a pas de raison de licencier parce que ceux qui sont actuellement en place correspondent au travail qui est fait. Maintenant y aura-t-il autant de saisonniers ? Je sais pas car il faut aussi prendre en compte les paramètres saisonniers. Aux Villards on en embauche mais à La Chambre non car l’OT ne fait que de l’accueil. »
Pour conduire sa réflexion, la commission tourisme de la 4C s’est appuyée sur une étude menée par Agate qui pointe : un ralentissement de la prise de décision ; un frein à l’élaboration d’une stratégie touristique cohérente ; la dispersion des missions ; un frein à la professionnalisation qui affecte la qualité perçue des services et le parcours des visiteurs ; une participation multiple des élus ; des coûts supplémentaires ; etc. Ces dysfonctionnements ne semblent-ils pas tout droit sortis, dans leurs grandes lignes, du rapport Clavillier (qui date de 2023) dont la mission était déjà d’évaluer le fonctionnement des OT ? « Oui admet Pierre-Yves Bonnivard, les dysfonctionnements relevés sont les mêmes, forcément, mais le rapport Clavillier n’était peut-être pas allé autant dans le détail sur comment mettre en œuvre le rapprochement des OT. Au final, on a quand même fait un travail sérieux qui a reçu l’aval de la majorité des collectivités. »

L’évolution des OT proposée par la commission tourisme de la 4C n’a pas convaincu Jacqueline Dupenloup qui s’est abstenue lors du vote et qui concède que les échanges sur le sujet ont été vifs. Le maire de Saint-Alban-des-Villards a d’abord pointé des erreurs dans le document présenté et commenté par Agate ce jour-là en conseil communautaire (2) : « Par exemple, dans la partie hébergement de l’enquête, précise Jacqueline Dupenloup, on peut lire, pour ce qui est des Villards, que le camping est ouvert du 14 juin au 16 septembre et du 10 décembre au 14 avril tous les jours alors qu’il est fermé en hiver. Et on pourrait donner d’autres exemples sur Saint-Étienne-de-Cuines. Par ailleurs, quand on clique sur les cartes interactives contenues dans le rapport d’Agate, cartes qui recensent les hébergements, pour rester sur le même exemple, un message s’affiche : « Le contenu généré par l’IA peut être incorrect » »…
Depuis, ces erreurs ont été corrigées et n’apparaissent plus dans le rapport daté du 25 février 2025. Mais pour Jacqueline Dupenloup, la question de fond est ailleurs : « Peut-on parler de l’évolution des OT communautaires sans définir au préalable ce qu’on veut comme tourisme dans le canton et aux Villards et sans avoir posé la question de la station de ski de Saint-Colomban ? Je ne crois pas ! Or on ne part pas de rien dans ce domaine. Un travail conséquent a été fait au Sivav sur les activités de pleine nature, les services, les actions d’hiver, les actions d’été avec la notion de « camp de base » sur 14 sites de Belledonne dont les Villards, etc., ainsi que sur ce qu’on est capable de proposer aux gens. Ces inventaires ont demandé des heures de travail aux techniciens très compétents du Sivav, notamment Adrien Rochet, chargé de mission, qui a quitté le Sivav depuis, et d’Espace Belledonne. Et plusieurs réunions ont été consacrées au diagnostic territorial sur la vallée des Villards entre 2020 et 2022. Or ce diagnostic très détaillé porte sur les activités de pleine nature été : balade pédestre, trail, VTT, VTC, géocoaching, randonnée équestre, via ferrata, école d’escalade, accrobranche, plan d’eau, vol libre, pêche, randonnée glaciaire ; les activités de pleine nature hiver : ski de randonnée, raquettes, luge, fat bike, alpinisme hivernal… Il dresse l’évaluation des randonnées majeures, de leur entretien, de leur signalétique de départ. Il dresse bilan aussi des services de restauration et d’hébergement et de l’accessibilité du site. On dirait que personne ne tient compte de ce qui se fait. Par ailleurs, qu’elle est notre stratégie touristique ? Quelle mise en lien de nos structures et outils concrets, entre montagnes et vallées, hébergements, points d’intérêt touristique, centre équestre porté par les 3 communes de l’ex-CCVG et basé à Sainte-Marie-de-Cuines, plans d’eau, liens entre massif de Belledonne et Lauzière, entre stations de ski alpin et randonnée ? Comment les programmes existants peuvent nous aider à mettre en lien ? C’est la raison pour laquelle je n’ai pas voté la proposition de fusion et j’attends d’avoir les statuts pour savoir si je les voterais ou pas. Et notamment j’attends de savoir comment la société civile et les associations seront représentées au sein du futur ÉPIC. »
Une question reste en suspens : dans le cas où le statut de l’OT est un ÉPIC, la taxe de séjour perçue par les communes qui l’ont instituée devient communautaire. Dans le cas présent, la 4C va donc devoir la collecter pour le compte du nouvel ÉPIC. Actuellement, la taxe de séjour est instaurée dans 6 communes : Sainte-Marie-de-Cuines, Saint-Alban-des-Villards, Saint-Colomban-des-Villards, Saint-Martin-sur-la-Chambre, Saint-Rémy-de-Maurienne, La Chapelle, et rapporterait, globalement, quelque 30 000 euros (hors Saint-François-Longchamp). La commission tourisme de la 4C a donc décidé « d’engager un travail d’instauration et de collecte d’une taxe de séjour intracommunautaire » (3). Selon Pierre-Yves Bonnivard, « la perte de recettes que ce nouveau système pourrait engendrer pour les communes qui perçoivent une taxe de séjour devra être compensée par une modification du montant des attributions de compensation » dans le cadre d’une révision simplifiée de la commission locale d’évaluation des charges transférées (4). Selon la commission, l’objectif serait d’arriver à des recettes de l’ordre de 100 000 euros.
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(1) Commission tourisme de la 4C (21 février 2025).↩︎
(2) Rapport intitulé « Communauté de communes du canton de La Chambre : projet de regroupement des offices de tourisme communautaires » (30 janvier 2025).↩︎
(3) Conseil communautaire du 24 février 2025 (note de synthèse).↩︎
(4) La commission locale d’évaluation des charges transférées a pour rôle principal de procéder à l’évaluation des charges liées aux transferts de compétences entre communes et communautés de communes ayant opté pour la fiscalité professionnelle unique ce qui est le cas de la 4C.↩︎