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Lectures en plein air, acte II en Champ Rey

Après avoir laissé nos voix s’élever auprès de la croix de Charrière (18 juillet, lire ICI) , nous sommes prêtes pour une nouvelle séance en Champ Rey ce 8 août à 17 heures. Le thème inchangé associe toujours montagne et émotions mais à travers de nouveaux extraits de textes. L’émotion nous la ressentons dès l’arrivée de nos auditeurs, une trentaine, qui ont fait le choix de nous accorder leur attention pendant plus d’une heure en affrontant le soleil encore très chaud en cette fin d’après-midi.

Claire Martin-Cocher dans un extrait de Et vous passerez comme des vents fous de Clara Arnaud évoque les dures lois de la vie sauvage dans les montagnes pyrénéennes où la cohabitation avec une ourse sème l’émoi parmi les éleveurs d’agneaux. Emportés par ces vents fous, nous nous retrouvons en Afghanistan avec Josette Lièvre dans un extrait de Bouts du monde, paroles de voyageurs pour un périple dans un paysage sans route, aux pentes boueuses où le danger guette sans cesse mais d’où émane cependant la beauté du monde. Avec un extrait de Le Bord du monde est vertical de Simon Parcot, Marie-Andrée Saunier nous fait partager, au cœur de la vallée des glaces, la progression d’une cordée qui affronte une tempête de neige pour rejoindre le Reculoir, ultime hameau avant le bord du monde, gigantesque montagne dont nul n’a pu atteindre le sommet.

Tandis qu’à la recherche de fraîcheur nous déplaçons les bancs pour assurer plus de confort à nos auditeurs, Martine Verlhac dans un extrait de Derborence de Charles Ferdinand Ramuz nous plonge dans un monde minéral, lieu d’une catastrophe où l’ombre domine « comme un hiver en été », un monde hostile « avec des pierres et encore des pierres ».

Grimper ? Mais pourquoi ? C’est le sujet du texte que j’ai choisi, extrait de Dans l’Amitié d’une montagne. Petit traité d’élévation de Pascal Bruckner. Tel Sisyphe qui pousse son rocher en haut de la colline, la montagne nous oblige à nous surpasser, à vaincre nos peurs et nos douleurs, peut-être tout simplement à nous connaître. Avec Christine Martin-Cocher et un extrait de Cent Millions d’années et un jour de Jean-Baptiste Andréa nous nous retrouvons dans un petit village perdu entre la France et l’Italie où Stan, paléontologue en fin de carrière, pas du tout montagnard, se confronte pourtant à la montagne pour réaliser son rêve, découvrir le squelette d’un dinosaure et ainsi justifier le métier qu’il a choisi contre l’avis de ses parents.

C’est en duo que Françoise Vanini et Valérie Favre-Teylaz partagent des extraits de Le Poids du papillon de Erri De Luca. Nous sommes quelque part dans les Alpes italiennes. Un chamois d’une taille exceptionnelle domine sa harde depuis des années mais il pressent qu’il vit sa dernière saison. Face à lui un braconnier bien décidé à abattre le seul animal qui lui ait résisté. L’évocation tragique de la double mort du chasseur et de sa proie est ici sublimée par la délicatesse poétique d’un papillon qui unit les deux adversaires.

■ Les liseuses de Champ Rey écrasées de soleil… – (Photo Bernadette Tronel-Peyroz.)

Jacqueline Dupenloup a choisi de nous faire sourire à travers un extrait de Gravir les montagnes est une affaire de style de Cédric Sapin-Defour. L’auteur se joue de nos faits de langage, de nos jugements chauvins, de notre mauvaise foi, nous invitant à réfléchir sur notre aptitude à nous ouvrir aux autres. Claire Martin-Cocher termine cette séance avec quelques vers du poète arménien Hovhannès  Chiraz et des extraits de Et vous passerez comme des vents fous…

Autour d’une petite collation, auditeurs et liseuses échangent leurs impressions et déjà les idées fusent pour une prochaine saison.

Joselyne Martin-Garin   

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■ Photo de « Une » : à l’ombre d’une grange. – (Photo Bernadette Tronel-Peyroz.)

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