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Paul Paret : « L’avenir de notre station de Saint-Colomban-des-Villards : tout se joue maintenant. »

Notre station de Saint-Colomban-des-Villards est dans une situation critique. La fermeture de notre domaine skiable est possible dès le 30 novembre 2025, date de fin de la délégation de service public (DSP) avec la société Savoie stations domaines skiables (SSDS). Si nous n’étions pas intégrés depuis 1999 au pôle économique et touristique des six stations des Sybelles, notre station serait déjà fermée. Notre station, reliée au domaine des Sybelles, un des domaines skiables les plus importants de France, n’a aucune raison technique et climatique à devoir fermer. Le pôle Sybelles ne souhaite pas se priver du potentiel de ski de Saint-Colomban, de son domaine skiable plein nord avec une neige de qualité avec longueur et dénivelé importants. Dans le cas où la liaison avec les Sybelles n’était plus assurée, l’avenir de Saint-Colomban et toutes les activités économiques et saisonnières seront fortement compromises.

Plus de station = zéro saison

L’adaptation climatique et économique de Saint-Colomban, après plusieurs études, passe par un téléporté (décision votée en conseil municipal en février 2021) du pied des pistes au lieu dit Téchette, permettant d’accéder de 1 100 mètres à l’altitude de 1 750 mètres située sur la combe de Bellard, exposée nord. Nous constatons, que depuis 2016, date de la fin de la DSP avec la Satvac, et la décision de Monsieur le maire, Pierre-Yves Bonnivard ayant fait le choix de la gestion du domaine par un ÉPIC communal puis en 2019 par une DSP sous forme de régie intéressée avec SSDS, aucun investissement n’a été réalisé sur le domaine skiable de Saint-Colomban.

Par ce choix délibéré, la participation financière communale pour lits non constitués aurait dû être de 137 500 euros annuels en 2016, en tenant compte des 350 nouveaux lits Goélia construits de 2014 à 2016 et des 100 lits des bungalows du camping. Cette participation est passée à 600/800 000 euros annuels sur la période 2016 à 2025, soit 6 à 7 millions d’euros cumulés. Dans ce montant de 6 à 7 millions d’euros, sont inclus les visites techniques obligatoires des remontées mécaniques et les achats de dameuses et matériels annexes.

Notre station dispose de remontées mécaniques trop nombreuses et obsolètes, ce qui entraine une charge de personnels importante et un manque de chiffre d’affaires de billetterie du fait de l’insuffisance d’attractivité dû au temps de bascule par le col de Bellard sur le domaine des Sybelles de 45 à 50 minutes, inadapté à la demande actuelle. Le projet du téléporté sur Téchette, décidé en février 2021 par un vote du conseil municipal, rendant possible l’adaptation aux conditions financières et climatiques, n’a pas été suivi d’effet (lire annexe 1).

Devant ce renoncement, la responsabilité de Monsieur le maire est engagée. Pourquoi lui serait-il possible de faire avant le printemps 2026, ce qu’il n’a pas su réaliser hier ! Plusieurs raisons montrent que Monsieur le maire de Saint-Colomban veut nous imposer la fermeture de la station de ski de Saint-Colomban (lire annexe 2).

Les urgences

Il est urgent de prendre, à très court terme, toutes les dispositions pour que la station ne ferme pas à la fin 2025, ce qui rendrait une réouverture postérieure très difficile. Pour ce faire il faut absolument maintenir la station ouverte sur la saison 2025-2026 à savoir :

1 – voter un budget communal pour la réalisation des visites techniques nécessaires au maintien en fonctionnement des remontées mécaniques, à priori est concerné le télésiège de Charmette (à confirmer) ;
2 – demander aux autorités de tutelle, Monsieur le préfet, Madame la sous-préfète, Madame la députée, de bien vouloir avec SSDS proroger de 1 an la DSP d’exploitation en régie intéressée et prendre contact avec M. Pascal de Thiersant, gérant de SSDS, et M. Julien Mairot, directeur opérationnel de SSDS, afin d’en discuter les termes ;
3 – chercher par tous les moyens un accord avec les Sybelles et leurs représentants pour parvenir à un accord de participation au déficit d’exploitation 2025-2026, tel que réalisé sur la période 2024-2025, qu’il conviendrait d’ailleurs de remercier pour leur participation financière de 300 000 euros sur 2023-2024 ;
4 – que la partie majoritaire du conseil municipal favorable au développement, soit intransigeante à s’opposer à toutes les actions et initiatives qui envisageraient ou conduiraient à l’arrêt de la station de Saint-Colomban ;
5 – pour l’année 2026, nous n’avons qu’une seule option pour sortir de cette situation, c’est user de tous les moyens possibles et de tous les appuis disponibles pour la réalisation d’un téléporté sur la combe de Bellard, lieu dit Téchette. La coopération avec nos partenaires des Sybelles est indispensable.

Appel aux compétences et aux autorités

Pour ce faire nous devons faire appel à toutes les compétences et les autorités susceptibles de nous apporter aides et recours dans nos démarches et en particulier, la prorogation de la DSP avec SSDS pour 2025-2026 et la construction à terme de ce téléporté, à savoir :

• à Mme Karima Hunault sous-préfète de Saint-Jean-de-Maurienne, à Mme Émilie Bonnivard, députée de la 3e circonscription de Savoie, de bien vouloir faire usage de leurs pouvoirs et influences pour prendre en compte que Saint-Colomban n’est pas isolé et que, partie intégrale des Sybelles, son avenir n’est pas à la fermeture mais au contraire porte de proximité de ce domaine ;
• au directeur général de Sybelles.ski, M. Laurent Deléglise, au directeur de la Soremet M. Gilles Buisson, au directeur général délégué de Sybelles.ski M. Samuel Leroux, nous devons faire mutuellement preuve d’ouverture afin de partager notre avenir ensemble ;
• à M. Pascal de Thiersant, président du directoire de la Société des 3 Vallées (S3V) et à M. Julien Mairot, directeur opérationnel de SSDS, d’envisager la prolongation pour une année de la DSP actuelle ;
• à Madame le maire de Saint-Alban-des-Villards, Jacqueline Dupenloup, à Monsieur le maire de Saint-Colomban-des-Villards, Pierre-Yves Bonnivard, de tout faire pour ne pas adopter des mesures allant vers la fermeture de notre station, rien ne le justifie hors la situation financière difficile et d’entreprendre les mesures de court terme ci-dessus évoquées ;
• pour l’année 2026, nous n’avons qu’une seule option pour sortir de cette situation, c’est recourir par tous les moyens et accompagnements possibles à la réalisation d’un téléporté sur la combe de Bellard, lieu dit de Téchette (lire annexe 3).

Les atouts de Saint-Colomban

Je rappelle que Saint-Colomban détient des atouts importants : une proximité immédiate de l’échangeur de l’autoroute A43, moins de 10 à 12 km du pied de vallée aux villages et aux pistes ; des villages de montagne avec l’architecture typique et le caractère spécifique ; une saison hiver ; une saison été ; une géographie sauvage (combes, lacs, cols, sommets, faunes et flores) ; plusieurs réserves foncières pour constructions de lits chauds à proximité des pistes ; capacité importante de rénovation des villages par amélioration et rénovation de l’existant ; la qualité du secteur de la combe de Bellard, lequel comporte une piste unique sur les Sybelles de près de 1 300 mètres de dénivelé (2 378 m à 1 100 m) ainsi qu’une très bonne qualité de neige sur une orientation nord (cette combe de Bellard est réputée pour être froide et déjà équipée en canons de neige de culture pour en assurer l’utilisation) ; des perspectives de liaisons existantes et à développer avec l’Espace Belledonne et l’Arvan-Villards avec des circuits et des refuges à développer.

Des points positifs ont été émis par différentes sources :

• le rapport de Climsnow qui malgré les réserves d’usage n’évoque pas une fermeture à terme, mais une adaptation de la station par la création d’un téléporté, une augmentation de la réserve d’eau pour la neige de culture, et une amélioration des caractéristiques des têtes des canons à neige. Dans les trois seuils d’altitude étudiés, 1 082 m, 1 575 m,  2 224 m, l’exploitation est possible avec la neige de culture sur une durée de 114 jours, soit en moyenne 4 mois calendaires (N. D. L. R. : lire ICI) ;
• une étude publiée dans le journal Challenges du 13 février 2025 dans laquelle la rédactrice Gaëlle Macke affirme que la station de Saint-Colomban-des-Villards disposerait de conditions climatiques assez favorables.

En conclusion, je demande à tous ceux qui croient à l’avenir de Saint-Colomban, à ceux qui ne veulent pas la fermeture de notre station, à ceux qui veulent ne pas subir des décisions funestes, à ceux qui ne veulent pas céder au découragement et à la fatalité, de bien vouloir se lever, de bien vouloir prendre leur avenir en main avec un projet de continuité et de développement pour 2025 et 2026. Dans l’avenir, la commune doit le plus efficacement possible, porter, favoriser, synthétiser, soutenir, financer un projet de développement, mais ne pas s’engager dans la gestion du domaine skiable.

Nous sommes nombreux passionnés de notre vallée et de nos villages, prêts à s’engager et à soutenir pour 2026 une nouvelle dynamique, pour prendre en main notre avenir, pour que Saint-Colomban se relève et puisse poursuivre son développement avec nos partenaires de proximité du pôle des Sybelles.

Paul Paret (*)

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(*) Paul Paret est membre de la commission communale du domaine skiable de Saint-Colomban-des-Villards. Ce texte et ses annexes – ci-dessous – ont été adressés par courriel à Pierre-Yves Bonnivard, maire de Saint-Colomban, Jacqueline Dupenloup, maire de Saint-Alban-des-Villards, Laurent Deléglise et Samuel Leroux, respectivement, directeur général et directeur général délégué de Sybelles.ski, Gilles Buisson, directeur de la Soremet, Pascal de Thiersant, président du directoire de la S3V et gérant de SSDS, Julien Mairot, directeur opérationnel de SSDS, les conseillers municipaux de Saint-Colomban-des-Villards, les membres de la commission communale du domaine skiable de Saint-Colomban, les membres du Club des sports des Villards, Mesdames et Messieurs de Saint- Colomban et de Saint-Alban.

ANNEXE 1 : LES PROJETS

Beaucoup de projets et d’études ont été engagés permettant d’envisager l’avenir, mais la volonté de sortir de nos déficits n’a pas été saisie :
• obtention d’un permis de construire pour un chalet restauration et logements de pisteurs en 2015-2016, abandonné en 2019 ;
• études et propositions de la commune et de la commission communale du domaine skiable ;
• le projet et l’étude d’un téléporté sur le Grand Truc, abandonné car une dépose de projet d’unité touristique nouvelle était nécessaire ;
• le projet en liaison avec la Soremet, d’un télésiège sur le col du Marolay avec une piste de descente, refusé pour cause de zone humide à préserver ainsi que d’une flore particulière ;
• l’étude pour un téléporté depuis le front de neige via Téchette cote 1 730 m, avec une création de ski école à proximité (2019-2020), réalisée ;
• la décision votée par le conseil municipal en février 2021 pour la construction de ce téléporté, le dossier était favorable et les études menées, construction abandonnée. Malgré la possibilité d’un emprunt sur 20 ans de 10 millions d’euros, à charge de la commune, n’est plus d’actualité. Monsieur le maire parle aujourd’hui d’un emprunt possible de 4 millions d’euros ;
• études et projet de World of Sybelles de nos partenaires en 2023 ;
• les études complémentaires sur un téléporté en deux tronçons en prolongement de Téchette via la Pierre du Turc (2022-2023) en partenariat avec les Sybelles ;
• la réunion du 13 février 2023 en présence de représentants des autorités locales, des responsables des Sybelles, Soremet, Satvac, Samso, des représentants des sociétés S3V, SSDS, SSIT, des représentants de la commune de Saint-Colomban, de la commission communale du domaine skiable de Saint-Colomban, présentant la construction d’un téléporté sur la tête du Turc avec ouverture probable en décembre 2025, projet abandonné par un vote en conseil municipale de juillet 2024.↩︎

ANNEXE 2 : LES RAISONS DU DÉSENGAGEMENT DE MONSIEUR LE MAIRE

• les mauvaises relations de Monsieur le maire entretenues depuis le début à aujourd’hui avec nos partenaires Satvac, Soremet, Samso, ce qui complique encore aujourd’hui notre situation ;
• aucune correction réalisée depuis 2016, malgré les déficits de l’ÉPIC ou de la DSP en affermage, soit de 600 à 800 000 euros de déficit annuel, soit une dépense cumulée de l’ordre de 6 à 7 millions d’euros depuis 2016, sans procéder à aucun investissement productif qui aurait permis un retour à court terme vers la rentabilité ;
• aucun contact direct et constructif n’a été établi avec nos partenaires des Sybelles,  préalablement aux lancements des DSP de fin 2024 et début 2025, ce qui était indispensable ;
• la méthodologie bâclée de la candidature de DSP avec un investissement obligé de 30 millions d’euros, du 6 janvier avec retour au 14 février, n’a donné lieu comme prévu à aucune candidature, annoncée au conseil municipal du 21 février 2025 (voir mon plaidoyer du 5 janvier 2025, lire ICI) ;
• la candidature de DSP avec affermage (avec exploitation des remontées mécaniques existantes) sans propositions facilitatrices, devant être lancée vers le 15 mars 2025, suite au conseil municipal du 21 février 2025. Les réponses à cette candidature de DSP seront probablement peu nombreuses ;
• aucun plan B n’a été divulgué en cas de non-candidature à cette DSP avec affermage ;
• l’octroi d’une subvention de la région de 61 800 euros pour des études de reconversions vers de nouvelles activités précède à priori à un lot de consolation et à la fin du ski ! ;
• les communications de Monsieur le maire du 5 février et du 26 février 2025 et du compte rendu du 21 février 2025, qui plaident pour nous faire admettre que le ski est terminé à Saint-Colomban sous prétexte que tout ce qui était possible de faire l’a été ;
• l’arrêté de la chambre régionale des comptes de 2024 notifiant à la commune de ne pouvoir, à l’avenir, autoriser le renflouement sur le budget communal des déficits du domaine skiable ;
• la doxa d’une écologie punitive, une vision pessimiste et idéologique qui se répand, laquelle pousse les esprits à en terminer rapidement avec le ski, impossible soi-disant à cette altitude de 1 100 m, l’utilisation toxique de l’eau pour la nivologie, etc.↩︎

ANNEXE 3 : LES POINTS DE DÉVELOPPEMENT À ENTREPRENDRE

En première urgence :
• réexaminer un budget prévisionnel avec un téléporté sur Téchette. Cette étude a été déjà réalisée, permettant de dégager un prévisionnel de chiffre d’affaires afin de servir pour la validation de prêts et pour notre partenariat ;
• convaincre nos partenaires de participer avec nous au financement de ce téléporté, ce qui apparait être une communauté d’intérêts, impossible sans leurs participations ;
• trouver les financements pour la réalisation de ce téléporté depuis le front de neige via Téchette, tel que défini par les études effectuées. Les devis sont passés de 12 millions d’euros en période avant Covid à 17 millions d’euros en 2023 et peut-être aujourd’hui près de 20 à 22 millions d’euros.

En deuxième urgence :
• création d’un bâtiment d’accueil avec service de restauration au pied des pistes, lequel pourrait être disposé avec la gare basse du téléporté (revoir le projet déjà réalisé) ;
• convaincre nos partenaires, en particulier côté Toussuire, pour développer le secteur de Bellard afin de résoudre notre problématique commune ;
• confier l’exploitation du domaine skiable, bas et haut de Saint-Colomban, à nos partenaires ;
• rouvrir le dossier de l’École de ski de Saint-Colomban actuellement laissée à l’abandon, avec la répercussion sur l’activité de nos moniteurs obligés de s’expatrier, et notre clientèle non satisfaite d’une offre inexistante ;
• adopter un projet en vue de la rénovation du téléski de Cuinat en télésiège 4 places ou télésiège débrayable, et la rénovation des têtes des canons à neige. Une récupération d’un télésiège existant est peut-être possible, télésiège de Charmette !
• reformater l’alimentation d’eau pour la neige de culture en nous raccordant sur le plan d’eau, celui-ci étant réalimenté par les ruisseaux du Prin par gravité, permettant l’augmentation des capacités de réserve et évitant la turbidité des eaux, ainsi que l’adaptation des têtes des canons à neige (étude Climsnow) ;
• réaliser l’aménagement de parkings au pont de Nantchenu pour voitures et cars. Les terrains sont propriété de la commune. Les aides doivent exister au niveau du département ;
• réfléchir à la continuité au moins pendant les vacances de l’activité sur le télésiège de l’Ormet et du téléski du plateau afin de préserver le futur ;
• trouver rapidement des constructeurs pour la construction de lits chauds sur les réserves foncières du Châtelet et de La Pierre et du front de neige ;
• adopter un plan de rénovation des voiries et parkings sur la commune ;
• encourager la rénovation de l’habitat des hameaux pour la mise en location de lits chauds sur les villages ;
• remettre en route les locations actuelles de La Perrière, relancer la gestion Goélia, les gîtes des Moulins, la cure, tous les gîtes communaux et les bungalows du camping ;
• procéder avec la subvention de la région Auvergne-Rhône-Alpes de 61 800 euros à l’étude de diversifications des activités été-hiver, mais en complément de l’activité ski ;
• continuer la collaboration avec Sentiers de Belledonne avec nos partenaires des versants Grésivaudan et Arvan ;
• mettre en œuvre des navettes bus depuis le pied de vallée.↩︎

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