Le Villarin Yoann Rostolan vice-champion du monde de télémark

Aux championnats du monde de télémark qui se sont déroulés aux Contamines-Montjoie du 19 au 23 mars, l’équipe de France a terminé 3^e en terme de médailles récoltant 4 médailles d’argent et 3 de bronze (dont une par équipe), soit 8 médailles, un record absolu dans l’histoire des Bleus aux championnats du monde de télémark.

Dans cette équipe, le Villarin Yoann Rostolan a particulièrement brillé en décrochant la médaille de bronze en sprint et, 3 jours plus tard, le titre de vice-champion du monde de sprint parallèle derrière la référence dans la discipline, le Norvégien Trym Nygaard Loeken. Dans la dernière épreuve (la « Classic »), Yoann Rostolan, décidément en grande forme, seulement devancé par Trym Nygaard Loeken, est arrivé deuxième… avant qu’une pénalité ne vienne le rétrograder à la 12^e place du classement. Moindre mal, puisque c’est son coéquipier de l’équipe de France, Alexis Page, qui a hérité du bronze. Pour la petite histoire, Yoann Rostolan et Alexis Page ont déjà vécu semblable mésaventure. Deux fois. Deux fois aux championnats du monde juniors et deux fois à l’avantage de Yoann Rostolan, en 2022 puis encore en 2023, lorsque par le jeu des pénalités, Alexis Page avait été rétrogradé de la 1^re à la 2^e place, au bénéfice de Yoann pour qui l’argent s’était alors transformé en or. Il en a été différemment cette fois, la roue tourne… Quoi qu’il en soit, cette saison restera exceptionnelle pour le Villarin dont la progression est continue : un podium en Coupe du monde en 2022 (3^e), 4 podiums l’an passé (1 fois 2^e, 3 fois 3^e), et 6 podiums cette année (3 fois 2^e et 3 fois 3^e).

Âgé de 22 ans, Yoann Rostolan est originaire de Saint-Colomban (les familles Brusque du Martinan et Favre-Bonté de La Pierre et Lachal), et c’est au sein du Club des sports des Villards alors entraîné par son père, Andy Rostolan, qu’il a découvert le ski. Vers l’âge de 7 ou 8 ans, il s’inscrit au Ski club de Méribel où son père est moniteur de ski. Yoann Rostolan fait toute sa scolarité au collège puis au lycée de Moutiers en pôle espoir, section alpine, où il retrouve Corentin Girard qu’il a côtoyé au Club des sports des Villards… Depuis décembre 2021, Yoann est moniteur de ski à l’École de ski de Méribel et suit des études à l’institut universitaire de technologie d’Annecy en vue d’obtenir un DUT en techniques de commercialisation. Son temps d’étude est naturellement aménagé pour être compatible avec son statut de sportif de haut niveau. C’est à l’âge de 16 ans que Yoann Rostolan choisit le télémark comme discipline de ski. Cette saison, il a fait évoluer son style et son mental pour disputer son premier hiver complet de participation aux épreuves de Coupe du monde après avoir été triple champion du monde juniors (2022-2023). Il y a deux ans, en Suisse, pour ses premiers Mondiaux chez les « grands » et pour apprendre le métier, il avait terminé 8^e et 12^e des deux compétitions qu’il avait disputées. Pression oblige, le même hiver, en Coupe du monde, à la « maison », aux Contamines-Montjoie, Yoann avait « skié à l’envers et pris dix pénalités », une déception à la hauteur des résultats espérés…

Le télémark, inventé en 1868 en Norvège, est une discipline de ski nordique régie par un ensemble de règles techniques. On la distingue du ski alpin à cause des talons du skieur qui sont libres et des fléchissements de genoux caractéristiques dans les virages. Dans cette discipline élégante et technique les compétitions comportent trois épreuves différentes. Le sprint : une minute et trente secondes d’effort, en deux manches. La « Classic » : plus longue (3 minutes) sur une seule manche. Enfin le parallèle (ou dual) avec deux skieurs qui s’affrontent sur des slaloms aux tracés parallèles. Bien qu’ayant fait acte de candidature depuis 2018, le télémark n’est pas une discipline olympique et ne sera donc pas aux jeux Olympiques de Milan-Cortina (Italie) l’an prochain. Dommage car le télémark aurait potentiellement pu être pourvoyeur de nombreuses médailles pour la France. Mais, qui sait ?, peut-être le sera-t-il en 2030 pour les jeux Olympiques d’hiver qui auront lieu en France, dans les Alpes. « C’est un sport avec une grande histoire qui a toute sa place aux JO. On existe depuis 1995 sur la Coupe du monde » insiste Antoine Bouvier, champion du monde 2013 et sélectionneur de l’équipe de France de télémark. En 2030, Yoann aura 28 ans et sera, nul en doute, en pleine possession de son art. Alors pourquoi pas, après Jean-Pierre Vidal (La Toussuire) à Salt Lake City, en 2002 (année de naissance de Yoann), un nouveau champion olympique mauriennais en 2030 dans les Alpes ?

Christophe Mayoux

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■ Photo de « Une » : Yoann Rostolan durant l’épreuve de ski parallèle. – (Photo X.)