Anciens combattantsHistoire

Cérémonies du 11-Novembre 2023

Saint-Colomban

À 10 heures, à Saint-Colomban, la première cérémonie a réuni une soixantaine de personnes autour de Pierre-Yves Bonnivard, maire, et de Gilbert Émieux, président de l’Association des anciens combattants et victimes de guerre de la vallée des Villards. Étaient également présents Mégane Bellec, Christophe Hémery et Emmanuel Sasso, sapeurs-pompiers villarins, le lieutenant Mickaël Duverchères du centre de secours de Saint-Jean-de-Maurienne, Richard Maldéra (87 ans, doyen des anciens combattants), Patrick Louadoudi, vice-président des anciens combattants, porte-drapeau, Marcel Louis, trésorier, Sébastien Sornet, porte-drapeau, et six élèves de l’école intercommunale accompagnés de leur directrice Julie Mermoz. Quatre musiciens de la clique l’Écho des Montagnes dont Céline Clérin (Premier-Villard) assuraient les sonneries aux morts.

Pierre-Yves Bonnivard a lu le message cosigné par Sébastien Lecornu, ministre des armées, et Patricia Mirallès, secrétaire d’État chargée des anciens combattants et de la mémoire, message qui rappelait que c’est le 11 novembre 1923 – il y a un siècle – qu’André Maginot – dont le nom est associé à la construction, entre les deux guerres mondiales, de la ligne de défense censée protéger la France d’une éventuelle invasion allemande ou italienne… – allume pour la première fois la flamme sous l’Arc de triomphe qui ne s’est plus éteinte depuis. C’est lui aussi qui avait présidé, 3 ans plus tôt, le 10 novembre 1920, dans la citadelle de Verdun, à la désignation du soldat inconnu.

Dans ce texte, les ministres poursuivent : « Le 11 novembre n’est plus seulement une date. C’est devenu le rassemblement de tous les Français. (…) C’est le 11 novembre 1940 que, dans le désarroi des consciences, les lycéens et les étudiants de Paris font de la flamme un symbole de résistance. Que chez nos compatriotes alsaciens et mosellans, coupés de leur Patrie, la résistance s’organise. C’est le 11 novembre 1943 que les résistants de l’Ain devancent la Libération en défilant dans Oyonnax. C’est aussi le 11 novembre 1944 que la France retrouve le droit de célébrer la victoire. » Et de conclure : « Alors, face aux noms inscrits sur les monuments devant lesquels nous sommes rassemblés, nous nous souvenons de tous les morts pour la France qui trouvent le repos dans nos mémoires reconnaissantes. Nous nous souvenons de ceux de 14, de ceux de 40 et de 44, de ceux de 1954 et de 1962, de ceux de 1983 ou de 2008 et de tous les autres. Nous nous souvenons de l’adjudant-chef Nicolas Latourte, 29 ans, du sergent-chef Baptiste Gauchot, 27 ans, et du sergent-chef Nicolas Mazier, 32 ans, tous trois morts pour la France en 2023 en Irak. Le 11-Novembre est dédié à tous ceux qui sont tombés pour défendre notre Nation, notre liberté, nos valeurs, sur notre sol comme en opération extérieure. ».

■ Dépôt de la gerbe à Saint-Colomban (de gauche à droite) : R. Maldéra et G. Émieux. – (C. Mayoux.)

Le maire a également donné lecture du texte de la Société des membres de la légion d’honneur qui mettait en exergue le 11 novembre 1943 quand « la résistance à l’occupant et au pouvoir de Vichy s’est clairement manifestée ». Et de citer deux exemples régionaux : « À Oyonnax, deux-cents maquisards, en armes et en uniforme, défilent, drapeaux en tête, dans la ville. Il y a alors une extraordinaire communion entre ces jeunes hommes et la population qui les rejoint au monument aux morts de la ville. On chante l’hymne national et Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine. Une gerbe est déposée avec l’inscription : « Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 ». À  Grenoble, deux mille personnes, beaucoup de jeunes, répondent à l’appel des mouvements de résistance et se regroupent devant le monument des Diables Bleus. La Marseillaise retentit. » Dans les deux cas les répressions qui suivirent furent impitoyables.

Le message de l’Union française des anciens combattants lu par Gilbert Émieux rappelait : « Aujourd’hui, plus que jamais, nous nous devons d’être prêts à faire face à ceux qui veulent mettre fin à nos libertés et nos valeurs. Rendons hommage à nos morts de la Première guerre mondiale, à ceux de la Seconde guerre mondiale, à ceux des conflits d’Indochine et d’Afrique du Nord. Rendons hommage à nos soldats des opérations extérieures qui sont morts pour préserver notre liberté, notre indépendance, nos valeurs et restaurer la paix. En ce 11 novembre, n’oublions pas celles et ceux, victimes civiles et militaires, qui ont souffert et qui sont morts durant tous ces conflits. »

Assistés par trois enfants de l’école, Gilbert Émieux et Richard Maldéra ont ensuite déposé une gerbe. Puis ce fut l’appel aux morts égrené par Gilbert Émieux et Patrick Louadoudi, la minute de silence et La Marseillaise entonnée a capella. La cérémonie s’est terminée avec des extraits de quelques lettres de poilus expédiées du front et lues par trois élèves de l’école.

À Saint-Alban en présence du sénateur Cédric Vial

Trois quarts d’heure plus tard la cérémonie de Saint-Alban s’est déroulée selon le même protocole avec Sébastien Sornet comme porte-drapeau et l’appel aux morts effectué par Marcel Louis et Sébastien Sornet. En présence d’une centaine de personnes auxquelles s’était joint Cédric Vial, sénateur de la Savoie et conseiller régional de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui s’est dit « très attaché à visiter lors d’événements publics les petites communes rurales de son territoire pour y rencontrer les élus et les habitants. » et qui a déposé sa gerbe avant que Gilbert Émieux et Daniel Quézel-Ambrunaz ne déposent la gerbe communale.

Cédric Vial, qui n’était pas présent à Saint-Colomban « faute de temps », était présent à Saint-Alban de sa propre initiative comme tendent à le faire de plus en plus d’élus départementaux, régionaux voire européens qui s’invitent sans s’annoncer dans une commune au début d’une cérémonie, avec une gerbe à déposer. Ce que des maires ne les autorisent pas à faire (Saint-Étienne-de-Cuines, Montmélian, etc.).

Saint-Alban : la sonnerie aux morts. – (P. Gérard.)

La cérémonie de Saint-Alban s’est terminée avec le discours de Jacqueline Dupenloup, maire, qui a commencé par évoquer un fait peu connu relatif à la Grande guerre : « Saint-Alban, comme plusieurs autres villages de Maurienne et de Savoie, (a recueilli) des rapatriés, le plus souvent des femmes et des enfants, renvoyés en France par les Allemands peu intéressés par des forces non productives dans les territoires qu’ils occupent. Ces réfugiés (venaient) depuis, en particulier, le département des Ardennes, via l’Allemagne, la Suisse et Annemasse. Ainsi le bureau d’assistance de notre commune, dans sa séance du 1er septembre 1918 délibère-t-il sur la demande présentée par une femme en vue de son admission à l’assistance aux familles nombreuses. Je cite : « Le conseil, étant donnée la situation de réfugiée en cette commune de la demanderesse, est d’avis de l’admettre à l’assistance aux familles nombreuses. » La même personne est (également) « admise à l’assistance aux femmes en couche », ce qui laisse imaginer le parcours de cette mère expulsée de son département d’origine par l’occupant, arrivant dans ce pauvre village de montagne. »

■ Discours officiels à Saint-Alban (de gauche à droite : G. Émieux, J. Dupenloup et Cédric Vial). – (P. Gérard.)

Puis, élargissant son propos aux guerres actuelles – passées sous silence dans les messages officiels – elle indiquait : « Je voudrais évoquer aussi la figure de Jean Jaurès.  (…) Quelques jours avant sa mort, le 25 juillet 1914, Jaurès disait : « J’espère encore malgré tout qu’en raison même de l’énormité du désastre dont nous sommes menacés, à la dernière minute, les gouvernements se ressaisiront. » Et le 31 juillet 1914, quelques heures avant sa mort, le député Jaurès, furieux, apostrophait une nouvelle fois le ministre de l’intérieur à l’Assemblée nationale : « Il faut négocier encore ! » Car Jean Jaurès pensait profondément que tout n’avait pas été tenté pour sauver la paix. (…) Mais nous ne pouvons pas nous souvenir sans dire qu’hélas, aujourd’hui, 105 ans après le 11 novembre 1923, nous voyons bien dans la presse, dans les médias, qu’une horreur estompe l’autre, qu’un conflit cache l’autre, sans le clore. Demain, l’Association des maires de France appelle à un rassemblement devant les préfectures contre l’antisémitisme. Avant-hier, à Paris, le président de la République française a appelé à un cessez le feu en ouverture de la conférence humanitaire sur Gaza, à Paris. Je vais conclure avec cette phrase de Dominique de Villepin, ancien premier ministre, ancien ministre des affaires étrangères : « Il n’y a pas de responsabilité collective d’un peuple pour des crimes commis par quelques-uns. » C’est des phrases comme celle-ci qui ont permis aux peuples français et allemands, après deux guerres épouvantables, de trouver le chemin de la réconciliation. La voie est étroite, très étroite en cette fin d’année 2023 pour trouver des chemins de paix. Mais il ne peut y avoir d’autres chemins à chercher, pour les enfants des kibboutz, pour les enfants de Gaza, pour les enfants d’Ukraine et les enfants de Russie, pour les enfants du monde entier. »

À l’issue de la cérémonie, les participants ont été invités à un vin d’honneur à l’Auberge du Triandou qui s’est prolongé par un repas auquel le sénateur Vial avait convié les membres du bureau des anciens combattants et les élus des deux communes, et au cours duquel quelques dossiers ont été évoqués.

Christophe Mayoux

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■ Photo de Une : à Saint-Colomban, quelques minutes avant la cérémonie – (C. Mayoux.)

Commentaire(s) sur “Cérémonies du 11-Novembre 2023

  • Laure Loubier

    Bonjour, juste un petit mot pour vous remercier tout d’abord de continuer Le petit Villarin sous cette nouvelle forme et vous informer d’une erreur qui s’est glissée dans l’annonce du décés de Mr Richard Maldéra: le membre le plus ancien de l’association des anciens combattants est Alfred Bozon, ancien président de l’association (95 ans cette année).
    Très cordialement,
    Laure Loubier (Belle fille d’Alfred Bozon)

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