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Saint Alban : les boîtes de Sainte-Reine

Les boîtes de Sainte Reine « contiennent des figurines très naïves modelées en relief en pâte peinte illustrant la vie et le martyre de Reine, jeune fille chrétienne née en 238 à Grignon, violentée pour sa foi puis décapitée par Olibrius, gouverneur des Gaules, en 253 après J.C. Une source miraculeuse aurait jailli du lieu même de son supplice et devint ainsi très tôt une destination de culte qui draina au XVIIe siècle jusqu’à 60 000 pèlerins par an venus de toute l’Europe ! Sainte Reine, aujourd’hui tombée dans l’oubli, était aussi vénérée que sainte Thérèse… » (1)

« Tout à la fois objets de dévotion domestique, souvenir de pèlerinage et petit « théâtre » de la vie de la sainte, les boîtes de Sainte-Reine sont les reflets d’un art populaire original développé sur place, par les artisans d’Alise-Sainte-Reine, autour du pèlerinage à la sainte patronne du village. » (2)

Encore appelés « châsses », « reliquaires », « armoires », « petites caisses vitrées en bois » (3) par les pèlerins et les artisans qui les fabriquaient, ces objets religieux seraient de nos jours tout simplement considérés comme des souvenirs. Censés apporter une protection divine, ils étaient souvent exposés dans la pièce principale de la maison, bien en vue, pour que leurs « bienfaits » bénéficient à toutes les personnes qui y résidaient. Ils pouvaient aussi être placés dans l’église du village ou la chapelle d’un hameau pour protéger les habitants de la paroisse contre les fléaux très répandus à cette époque : guerres, famines, épidémies de peste et autres, mortalités infantiles et des femmes en couche, etc. Ces objets étaient donc très recherchés par les personnes qui effectuaient un pèlerinage à Alise-Sainte-Reine et – pour cela – devaient s’écouler facilement.

Selon certains historiens il y aurait, en France, 36 exemplaires de ces boîtes (3), ce qui paraît peu, tandis que pour d’autres spécialistes on en dénombrerait une cinquantaine (4). Les collections publiques françaises n’en posséderaient qu’une douzaine (5). Il est fort probable cependant qu’il s’en trouve d’autres dans des collections privées, dans des édifices religieux, des musées, etc. En Maurienne, sur les 16 connues, on en trouve 3 dans la chapelle Saint-Georges du hameau de la Traversaz (ancienne commune du Thyl aujourd’hui rattachée à Saint-Michel-de-Maurienne), 3 à Saint-Sorlin-d’Arves, dans la chapelle des Prés-Plans, mais aussi à Montaimont et à Valmeinier. On en trouve aussi au Musée savoisien (Chambéry, provenant de Bramans ?) et il doit bien en exister au fin fond d’une armoire, d’un coffre ou dans d’une chapelle…

Description des boîtes

Les boîtes de Sainte-Reine sont de petites caisses en bois dont les parois (de 5 mm d’épaisseur) sont, le plus souvent, en peuplier. Elles sont généralement fermées par des volets mobiles qui leur donnent un aspect bien banal (3). La finition extérieure est médiocre. Certaines sont de forme rectangulaire et d’autres portent un toit en bâtière (toit à 2 versants qui sont inclinés et forment les côtés d’un bât). La plus grande retrouvée à ce jour mesure 48 cm de haut et la plus petite 12,5 cm. Leur épaisseur varie entre 3 et 11 cm (3). Ces boîtes sont souvent qualifiées de banales, peu attirantes, mal finies extérieurement, ce qui a probablement conduit nos contemporains à s’en débarrasser, la plupart du temps, sans aucun regret. Et qui expliquerait qu’on en trouve si peu aujourd’hui…

■ Les deux types de boîtes de Sainte-Reine, volets fermés. – (Document tiré de la référence 3.)

On différencie 2 types de boîtes selon qu’elles ont été fabriquées au XVIIe ou au XIXe siècle.

Les premières ont une finition très approximative et un toit en forme de bâtière. Le fond est garni de papier. La face interne des volets est tapissée d’images pieuses. La vitre protégeant la décoration de la boîte est de médiocre qualité. Elle est teintée, parsemée de bulles d’air et d’un ton verdâtre. À l’intérieur, la disposition des personnages est quelconque. La plupart du temps, un Christ en croix placé sur le haut de la boîte domine les personnages au milieu desquels, il est possible de reconnaître, souvent à droite, sainte Reine et quelquefois, à gauche, sa nourrice. Ces figurines sont moulées et très souvent réalisées avec de l’argile fine, en demi-relief ou en relief, et peintes très grossièrement avec des couleurs vives. La plupart du temps elles sont fixées sur le fond de la boîte avec du fil de fer, de la ficelle ou de la colle (3)

Les secondes ont une bien meilleure finition. Leur fond est souvent de couleur claire à dominante bleu ou bleu pâle. Elles peuvent être peintes ou tapissées avec du papier-peint gris ou bleu. La face interne des volets est recouverte de papier-peint de couleurs très vives. La vitre protégeant la décoration est transparente. Les figurines en cire moulée et en ronde-bosse sont malheureusement très souvent mal conservées. Elles ont une couleur sombre parfois recouverte d’une pellicule blanchâtre. Le personnage central est, la plupart du temps, sainte Reine entourée des autres acteurs de la légende. Dans les boîtes les plus simples, le buste des personnages est nu avec des détails peints ou bien habillé d’une chemise avec manches et collerette. Les vêtements sont en papier plissé, doré ou peint. Dans les plus riches, les figurines ont de vrais cheveux et des vêtements en soie. Les autres matériaux utilisés sont plus nobles : papier coloré, papier d’étain, cannetille (fil de métal très fin et tortillé, utilisé en broderie), étoupe (résidu grossier de fibres de chanvre ou de lin), paille. Les éléments décoratifs sont d’une richesse très marquée : papier découpé et roulé en papillotes de couleurs vives, fleurettes naturelles séchées, feuillage en papier bouclé, etc. (3).

Les boîtes de Saint-Alban

La commune de Saint-Alban possède un ensemble de 3 boîtes de Sainte-Reine qui sont exposées dans la chapelle Saint-Sébastien et Saint-Roch du Premier-Villard.

Elles ont été retrouvées quand, pour les besoins de sa rénovation, la chapelle fut vidée de toutes les « vieilleries » qui s’y trouvaient, irrécupérables (pensait-on…) et promises à la déchetterie. Parmi les personnes bénévoles chargées de ce nettoyage, Huguette Jamen fut intriguée par 3 boîtes enveloppées dans un linge et dissimulées dans un prie-Dieu. Ayant lu quelques temps auparavant un livre sur les boîtes de Sainte-Reine, elle les reconnut immédiatement… On dit aussi qu’elle comprit ce que représentaient ces boîtes, quelques jours plus tard, à l’occasion d’une visite de la chapelle Saint-Georges (hameau de la Traversaz) où sont conservées 3 boîtes plus ou moins semblables.

Les trois boites du Premier-Villard sont surmontées d’un toit en forme de bâtière.  

La première de ces boîtes possède une vitre de couleur verte qui protège les figurines. Les faces internes des volets sont recouvertes par des images (pieuses ou non). On remarque, à droite,  sainte Reine et, à gauche, sa nourrice. Manque probablement en haut et au centre le Christ en croix. Tous ces personnages semblent moulés et avoir été peints par la suite d’une façon grossière.

■ Boîte de Sainte-Reine de Saint-Alban, avant restauration : personnages centraux (2009).

La deuxième n’a pas de vitre de protection. L’intérieur des volets est recouvert d’une image pieuse sur laquelle on peut lire, à droite, « Sancte Regina ». En haut de la boîte, il y a un Christ en croix avec, à sa droite, une figurine représentant sainte Reine et, à sa gauche, un personnage qui ne peut-être que la nourrice. Parmi les autres personnages situés en bas de cette boîte, l’un porte une croix sur la poitrine (un membre du clergé ?). Les figurines sont moulées et peintes d’une façon très grossière.

■ Boîte de Sainte-Reine de Saint-Alban, avant restauration : volets fermés (2009).

Sans vitre protectrice, la troisième présente des volets dont la face interne n’est ni peinte, ni recouverte d’image pieuse. Les figurines qui semblent être disposées sans ordre ont été moulées et peintes très grossièrement avec des couleurs vives.

■ Boîte de Sainte-Reine de Saint-Alban, avant restauration : volets ouverts (2009).

Compte tenu de ces éléments, ces 3 boîtes dates du XVIIe siècle.

En 2015, un visiteur de la chapelle du Premier-Villard, plus perspicace que les autres, s’aperçoit que ces boîtes subissent des attaques d’insectes xylophages et qu’une de ces boîtes est déjà très endommagée. La commune de Saint-Alban-des-Villards contacte alors le conservateur régional des monuments historiques qui propose de les restaurer. Le conseil municipal d’alors, présidé par Jacqueline Dupenloup, accepte d’emblée (30 juin 2016) cette proposition (6). Selon Chantal Frasse-Sombet (alors secrétaire de mairie à Saint-Alban) : « Les différents traitements de désinfestation, de dépoussiérage, d’injection de résine, les diverses opérations de recollage des fragments de bois, des papiers soulevés, puis le nettoyage par gommage, furent réalisés au cours du second semestre 2016. » (7). Une fois restaurées, ces 3 boîtes ont été remises dans la chapelle et placées à l’intérieur d’une vitrine spécialement conçue par André Gamel pour en faciliter la présentation au public (8).

■ Les 3 boîtes de Sainte-Reine de Saint-Alban, après restauration : personnages centraux (2023).

Comment ces boîtes sont-elles arrivées à Saint-Alban ?

Ne disposant d’aucun document d’archive sur lequel s’appuyer, nous ne savons pas comment ces boîtes de Sainte-Reine sont parvenues à Saint-Alban-des-Villards. Nous en sommes réduits aux hypothèses.

Les Villarins connaissaient probablement la légende de Sainte-Reine et les miracles et les « guérisons » qui s’accomplissaient dans le village d’Alise-Sainte-Reine, ne serait-ce que par le curé de la paroisse à l’occasion d’une conversation ou du sermon dominical. Peut-être aussi, à la faveur de leurs déplacements en Maurienne où ils pouvaient croiser des colporteurs de Bourgogne ou des marchands se rendant dans le Piémont, ou bien encore des pèlerins faisant route vers Rome ou les lieux saints du Moyen-Orient ou bien, enfin, tout simplement, des soldats qui partaient guerroyer de l’autre côté des Alpes.

Selon Sophie Sesmat (antiquaire d’Annecy spécialisée en arts et traditions populaires) (4), « ces armoires (c’est-à-dire les boîtes de Sainte-Reine), aujourd’hui recherchées, étaient autrefois vendues sur place ou par des colporteurs, nommés « montrons » qui partaient les vendre à plusieurs centaines de kilomètres d’Alise-Sainte-Reine, notamment en Bresse tournugeoise (aux alentours de la ville de Tournus) et mâconnaise, dans le Lyonnais, en Auvergne et en Savoie ». (4)

Alors ces « colporteurs-montrons » (lire ICI) sont-ils venus exercer leur commerce ambulant jusque dans la vallée de la Maurienne et aux Villards ? Peut-être, si l’on garde en tête que la vallée des Villards était, selon les époques, autant ou plus peuplée que Saint-Jean-de-Maurienne par exemple et qu’il devait donc y avoir un « marché ».

On peut aussi penser au rôle joué par des peigneurs de chanvre, spécialité des habitants de Saint-Alban-des-Villards, qui émigraient durant l’hiver comme les colporteurs et les ramoneurs et qui fréquentaient la Bourgogne comme le raconte Pierre Bozon : « (Les peigneurs de chanvre) qui peignaient naturellement le chanvre des Villards, allaient ensuite exercer leur métier, avec leur lourd attirail, dans les vallées voisines, en basse Maurienne notamment, mais, la plupart d’entre eux allait passer l’hiver, au loin, vers la Bourgogne et les plaines de l’Allier. » (9) « La grande spécialité des gens de Saint-Alban, le peignage de chanvre, a disparu dès les années 1880, et, du coup, les migrants de cette  commune (80 environ en 1910) ont abandonné les plaines de la Saône. » (10). Les peigneurs de chanvre ont parfaitement pu rapporter des boîtes de leur périple…

On peut enfin imaginer que des Ban’nes (nom en patois villarin des habitants de Saint-Alban-des-Villards) les ont rapportées d’un pèlerinage à Alise-Sainte-Reine. Les Villarins avaient l’habitude d’effectuer à pied plusieurs centaines de kilomètres pour se rendre dans différentes régions de France et en particulier dans le midi mais aussi en Bourgogne comme on vient de le voir en qualité de ramoneurs, de colporteurs ou de peigneurs de chanvre… Un migrant saisonnier villarin pouvait parcourir, en moyenne, 40 à 50 kilomètres à pied par jour (9). Se rendre à Alise-Sainte-Reine, située à 450 km de Saint-Alban, ne devait donc pas leur poser de problèmes particuliers. Dans un document qui décrit avec minutie la chapelle Saint Georges du hameau de la Traversaz on trouve une confirmation de ces longs déplacements : « La lecture des archives de l’hôpital d’Alise-Sainte-Reine nous indique qu’une trentaine de Savoyards, dont plusieurs Mauriennais, y ont été accueillis de 1651 à 1769 (…) ».

Néanmoins, si la légende de sainte Reine était probablement connue des Villarins, il ne semble pas qu’elle ait été « importante » pour eux si l’on en juge par la faible occurrence du prénom Reine dans la communauté villarinche. Entre 1602 et 1925, nous n’avons relevé que 3 cas (11), deux à la fin du XVIIe siècle et un à la fin de XIXe siècle… Il s’agit de Reine Quézel-Marche épouse Frasson-Botton (1780-1862, Le Bessay), de Marie-Reine X. (on ne connaît pas son patronyme de jeune fille) épouse Taravel (1789-1829), et de Reine Favre-Tissot épouse Émieux (née à Montpellier mais originaire des Roches et qui vécut à Lachenal, 1906-2000).  

Une statue de Sainte-Reine ?

Dans la chapelle du Premier-Villard on trouve aussi une statue de Sainte-Reine de 84 cm de haut montée sur un socle et dont on ne sait rien, ni l’origine, ni la date, ni qui l’a déposée dans cette chapelle et pour quelle raison. Même son nom n’est pas attesté. La fiche des monuments historiques (qui date de 2007) indique : « Description : sainte Reine (ou sainte Marguerite d’Antioche ou d’Écosse ? ou sainte Brigitte de Suède ?) au manteau sur le cœur foulant au pied sa couronne renversée ».

                                      

■ La statue de Sainte-Reine de Saint-Alban, avant restauration (2009).         

Dans le compte rendu de la réunion du conseil municipal de Saint-Alban du 11 janvier 2008 (le maire étant alors Maurice Chabrier), on peut lire que « la statue de Sainte-Reine en papier mâché, dorée à la feuille d’or, a été inscrite à l’inventaire départemental des monuments historiques, le 19 décembre 2007. Elle nécessite une restauration. Le conseil municipal accepte le devis de 3 850 euros HT de l’atelier Roquette de Lyon » (12). Dans le compte rendu du 20 novembre 2009, il est précisé que cette rénovation est prévue pour 2010 et qu’elle pourra bénéficier de diverses aides et subventions de la part de l’État et du conseil général (13). (Finalement le montant de cette restauration s’est élevé à 4 963,40 € TTC.)

Patrice Gérard

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(1) – http://chapellessa.e-monsite.com/pages/toto.html
(2) – https://www.artpopulaire.fr/rare-boite-de-sainte-reine-dalise/
(3) – RABEISEN Élisabeth, Les Boîtes de Sainte-Reine : témoins du pèlerinage d’Alise (XVIIe – XIXe siècles), article publié dans l’ouvrage collectif édité par Philippe Boutry et Dominique Julia : Reine au Mont Auxois. Le culte et le pèlerinage de sainte Reine des origines à nos jours, Paris/Dijon, Cerf/Ville de Dijon, 476 p. (1997).
(4) – SESMAT Sophie, Objets d’hier ; boîtes de Sainte-Reine, https://www.objetsdhier.com/boite-de-sainte-reine-1255.
(5) – BONNIVARD Yves, Les Boîtes de Sainte-Reine, Le Petit Villarin numéro 149, septembre 2009.
(6) – Cette restauration a coûté 630 euros subventionnée par la direction régionale des affaires culturelles (131 euros) et le département de la Savoie (189 euros).
(7) – FRASSE-SOMBET Chantal, Boîtes de Sainte-Reine, Le Petit Villarin numéro 179, mars 2017.
(8) – Entretien avec Roger Darves (14 décembre 2023).
(9) – BOZON Pierre, L’émigration dans la vallée des Villards (Maurienne), Revue de géographie alpine, numéro 31-1, 1943, pp. 119-135.
(10) – BOZON Pierre, Le Pays des Villards, en Maurienne, Éditions des Cahiers de l’Alpe, La Tronche-Montfleury, 292 p. (1970).
(11) – Recherches effectuées à partir des transcriptions d’état civil (baptêmes, mariages, sépultures) réalisées par Jean Garbolino (1937-2013) qui a tant œuvré pour le patrimoine villarin.
(12) – Compte rendu du conseil municipal du 11 janvier 2008, Le Petit Villarin numéro 143, mars 2008.
(13) – Compte rendu du conseil municipal du 20 novembre 2009, Le Petit Villarin numéro 150, décembre 2009.

■ Photo de « Une » : les 3 boîtes de Sainte-Reine de Saint-Alban. Chapelle du Premier-Villard.

Les « colporteurs-montrons »

D’un voyage à Alise-Sainte-Reine (les 27 et 28 août 2011 en compagnie d’une trentaine de Mauriennais dont 8 des Villards), Martine Paret-Dauphin (présidente de l’association Les Villards, patrimoine et culture) a rapporté cette anecdote : « Lorsque l’affluence des pèlerins était à son paroxysme au XVIIe siècle à Alise-Sainte-Reine, de nombreuses personnes se disant plus ou moins colporteurs se promenaient au milieu d’eux avec une grande boîte de Sainte-Reine, ses 2 volets ouverts, posée sur le devant de leur corps en vantant, en criant, en vociférant les nombreux avantages attribués à ceux qui en possédaient : tout cela, évidemment, dans le but d’en vendre le maximum. Les pèlerins, alors, excédés par ce tapage, par ce vacarme, par cette cacophonie, finissaient par leur dire : « Ferme ta boîte », ce qui se transforma, au fil du temps, en : « Ferme ta g… ». Est-ce aussi pour ces méthodes de vente que les colporteurs vendant ces boîtes furent surnommés des « montrons » ? – (Patrice Gérard.)↩︎

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