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Patrick Louadoudi, nouveau président des anciens combattants villarins

En novembre dernier, Patrick Louadoudi est devenu président de l’Association des anciens combattants et victimes de guerre de Saint-Alban-des-Villards et Saint-Colomban-des-Villards. Il succède à Gilbert Émieux qui a été élu vice-président. Marcel Louis et Christian Émieux ont été reconduits, respectivement, trésorier et secrétaire de l’association. Enfin, Sébastien Sornet, jusque-là porte-drapeau suppléant (Patrick Louadoudi titulaire depuis 2016 quand il avait remplacé Georges Maquet), est devenu porte-drapeau titulaire, Gilbert Émieux devenant son suppléant.

De gauche à droite : le commandant de gendarmerie Guillaume Adoneth, Patrick Louadoudi, Marcel Louis et Gilbert Émieux (2024).(Photo Christophe Mayoux.)

Né en 1950, Patrick Louadoudi est un militaire de carrière. Le 5 juillet 2021 il a reçu la médaille de la défense nationale à titre exceptionnel, à l’échelon bronze, avec agrafe « essais nucléaires ». Né en 1941, Gilbert Émieux, incorporé au 11e BCA, a servi 10 mois en Algérie de novembre 1961 à septembre 1962 sur la ligne Morris près de Bône. Il est a ce titre titulaire de la croix du combattant, de la croix du Sud et de la médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Afrique du Nord (*).

En 2015, Gilbert Émieux regrettait, dans La Maurienne, que les anciens combattants ne soient pas tous présents aux commémorations précisant qu’il avait aussi « beaucoup de difficultés à faire porter leurs médailles » à ceux qui y participaient. C’est sous sa présidence et a son initiative que les enfants de l’école intercommunale ont été associés – et le sont régulièrement depuis – aux cérémonies du 8-Mai et du 11-Novembre durant lesquelles ils lisent des textes et disent des poèmes, aident à déposer les gerbes au pied des monuments aux morts, participent à l’appel aux morts (le 11-Novembre) et chantent La Marseillaise. Gilbert Émieux : « Afin de faire mieux communiquer les gens à ces cérémonies, nous essayons d’y associer les enfants de l’école. Je suis très attaché au fait d’être accompagné de quelques enfants pour déposer par exemple les bougies du souvenir français le 11-Novembre, qui est tout un symbole. »

Gilbert Émieux entouré des enfants de l’école (2016).(Photo Christophe Mayoux.)

On ne sait pas précisément quand fut créée une association des anciens combattants aux Villards. Selon Antoine Prost « les premières associations naissent dès 1916 en réponse aux problèmes des blessés qui s’entassent dans les hôpitaux en attendant d’être rendus à la vie civile. Dans le même temps, des mutilés en permission ou des réformés, confrontés à de grandes difficultés matérielles et morales, créent aussi des associations pour apporter conseils et secours. Après 1918, le retour à la vie civile est difficile. Le climat social est tendu. Apparaissent alors des associations de combattants, expression d’une protestation de citoyens qui demandent justice. » (**) On parlait alors « des mutilés et des anciens combattants ». C’est d’ailleurs cette formule qu’utilise l’auteur d’un article paru dans l’Écho paroissial de Saint-Colomban-des-Villards qui relate la remise de la Légion d’honneur à Ernest Martin-Fardon qui est présenté comme le « président des mutilés et anciens combattants de Saint-Colomban et de Saint-Alban ». Cette cérémonie s’est déroulée le 26 mars 1933.

Au centre de la photographie et au 1er rang, s’appuyant sur une cane : Henri Bozon ; à sa droite Camille Martin-Fardon ; à sa gauche Ernest Martin-Fardon (Le Petit Villarin numéro 75, mars 1991).(Photo Pierre David-Nounaz.)

Il est raisonnable de supposer qu’Ernest Martin-Fardon, lui-même mutilé de guerre (il perd un bras par éclat d’obus le 30 octobre 1918 à Crécy-sur-Serre), a participé à la création de l’association et qu’il en fut le premier président. Jusqu’à quand ? On ne sait pas. Mais en 1974, c’est son frère Joseph Martin-Fardon qui est mentionné dans la presse comme étant président des anciens combattants villarins. Il le restera jusqu’à son décès en février 1983. Après un intérim de quelques mois (assuré par Jean-Baptiste Émieux ?) Gaston Bozon-Viaille est élu président en novembre 1983 et le restera jusqu’à son décès (1990). Se succéderont ensuite Alfred Bozon (1990-2003) et Gilbert Émieux (2003-2024). Cette association (parfois appelée amicale) a semble-t-il été dès l’origine commune aux deux communes. Un statut « régularisé » par la déclaration au JO, le 9 décembre 2000, de l’association dans sa dénomination actuelle (***).

Aujourd’hui, l’Association des anciens combattants et victimes de guerre des Villards compte 15 membres : 12 anciens combattants et 3 veuves d’anciens combattants. Elle en comptait 15 en 2015 et 25 en 2010…  Selon l’Union française des associations de combattants et de victimes de guerre qui regroupe près d’une centaine d’associations nationales ou d’unions départementales d’anciens combattants, en 2020, il ne restait environ que 630 000 anciens combattants. En 2023, si on comptait encore 120 000 vétérans de la Seconde Guerre mondiale, ils n’étaient plus que 70 000 un an plus tard. (Pour être déclaré ancien combattant il faut totaliser au moins 112 jours de service, avoir appartenu à une unité qui a connu 9 actions de « feu ou de combat » pendant son temps de présence, et avoir participé à 5 actions de « feu ou de combat ».)

Cette diminution est inéluctable et quelque part rassurante… Plus le temps passera sans que notre pays soit impliqué directement dans une guerre et plus le nombre de ses anciens combattants diminuera… Pour continuer à exister, les associations d’anciens combattants (elles étaient 22 600 en 2010, quelque 16 905 en 2022…) devront probablement peu à peu se transformer, changer de nom et d’objet, pour privilégier la transmission de la mémoire vers les jeunes générations, les enfants notamment, qui participent toujours en nombre aux cérémonies comme le montrent celles organisées aux Villards.

Christophe Mayoux

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(*) La croix du combattant est une décoration honorifique française créée en 1930 à l’intention des poilus de la Première Guerre mondiale. Elle fut par la suite décernée aux anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale et d’autres conflits impliquant l’armée française. Pour l’obtenir, il faut totaliser au moins 112 jours de service dans une unité engagée dans un conflit. Selon la loi du 28 juin 1930, seuls les soldats mobilisés et titulaires de la carte de combattant peuvent être décorés par cette médaille militaire. Georges Clemenceau exprima la philosophie de cette décoration en déclarant : « Ils ont des droits sur nous. » La croix du Sud fut aussi un emblème militaire lorsque l’ordre du Mérite saharien fut créé par décret le 4 avril 1958. Il récompensait les mérites de toute personne qui contribuait à la mise en valeur des régions sahariennes. Elle disparut lorsque ces territoires ne furent plus soumis à l’autorité française en 1962.↩︎
(**) PROST Antoine, Les Chemins de mémoires, numéro 199 (novembre 2009).↩︎
(***) C’est probablement par erreur que dans cette déclaration Gilbert Émieux est indiqué comme président.↩︎

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