Tribune libre

Sur la restauration scolaire, et un peu plus 

Un peu d’histoire, entre anecdote personnelle et vraie histoire… Vers l’année 1995, j’étais élue, non point municipale, mais des personnels enseignants des écoles. Voilà qu’un jour, dans les documents préparatoires au comité carte scolaire, on voit l’école des Villards, 6 élèves, en situation de fermer. Je prépare une argumentation à développer en séance, en m’appuyant sur l’institutrice d’alors, Janine Martin-Garin. Et lorsque le cas de la vallée des Villards arrive en discussion, d’emblée, l’inspectrice d’académie sourit et dit : « Saint-Colomban-des-Villards… Il est urgent d’attendre, on maintient le poste. » En clin d’œil : un élément a dû bien nous aider, l’inspecteur de Saint-Jean-de-Maurienne, montant visiter l’école, avait eu deux accidents sur notre route, un à la montée et un à la descente. L’argumentation soigneusement préparée devenait inutile.

Ensuite, la maîtresse a accueilli les élèves de 4 ans, puis une école neuve a été construite en 2004, une seconde classe ouverte. Depuis plusieurs années, les effectifs oscillent entre 15 et 20, avec cette fois les enfants de 3 ans aux CM2. Les deux communes ne renâclent pas (n’ont jamais renâclé) à l’effort pour l’école : le bâtiment vieux de 20 ans est bien équipé, une Atsem exerce à temps plein auprès de la maitresse, accompagnant les quelques enfants de moins de 6 ans, la garderie périscolaire est gratuite, ouverte à 7 h 30 le matin et jusqu’à 18 h 30 le soir. La restauration scolaire était gratuite aussi. Les élus se débrouillent pour trouver l’encadrement avec les ressources locales et c’est très bien. Les structures du bas de vallée peineraient à faire monter du personnel : la route, toujours, un certain isolement, que l’on peut adorer ou mal vivre.

Les exemples ne manquent pas où l’on voudrait nous faire croire que 10 à 15 km de route de montagne sont un obstacle qui fait de Saint-Alban et Saint-Colomban un petit monde à part. On a pu constater, au moment où les communes devaient fournir des animateurs pour un temps périscolaire allongé avec une semaine à 5 jours et demi pour les écoliers, qu’il était impossible d’obtenir une présence continue des personnels du centre social Declicc comme l’avaient les communes du bas de vallée. Lorsqu’il y a quelques années la société API a pris en charge la fourniture des repas de la restauration scolaire, elle a catégoriquement refusé de les monter jusqu’aux Villards, et les deux communes financent donc le déplacement quotidien de leur agent d’animation vers Saint-Étienne-de-Cuines pour aller récupérer les repas. On sait aussi, par exemple, que les kinésithérapeutes de Sainte-Marie-de-Cuines qui, lors de leur installation, se sont engagés à être mobiles, se déplacent effectivement vers les communes de la 4C, mais pas vers la vallée des Villards. On sait encore combien il a été difficile de remplacer notre facteur Denis Rach après son départ en retraite, vu le positionnement de la vallée des Villards ; nombre de Villarins sont restés cet été 2025 sans courrier pendant plusieurs jours. Malgré l’entretien de la route par les services du département, on peut dire que les habitants des Villards étaient mieux desservis en services dans la première moitié du XXe siècle que dans celle du XXIe (pour l’instant !).

Dans ce contexte, la vallée des Villards s’adapte comme elle peut. Elle s’est dotée en particulier d’un vrai service scolaire, d’une école primaire, sorte de singularité villarinche. Les élus successifs en prennent soin. Mais voilà que… la restauration scolaire devient de compétence communautaire. Du col de la Madeleine au col du Glandon, de la Chapelle aux virages de Sainte-Marie-de-Cuines, une seule grille de tarif. Finie la gratuité de l’école singulière ? À Saint-Alban nous choisissons de faire autrement, de garder cette spécificité qui tient compte de l’importance de cette petite structure qui nous garde ici nos enfants, qui tient compte des conditions de vie des familles, familles qui sont bien souvent obligées de la prendre, cette fameuse route qui rebute souvent les intervenants, familles qui composent toute l’année avec la montagne et l’éloignement. Avec l’aide du CCAS, le prix du repas journalier d’un enfant sera de 1 euro. La décision singulière d’aider les familles de notre vallée ne peut être effacée. Notons qu’au final, entre les « plus » et les « moins », le budget communal ne sera pas perdant : la 4C participera pour près de 17 000 euros (attribués pour 2/3 à Saint-Colomban et 1/3 à Saint-Alban selon la clé de répartition habituelle) aux salaires des deux encadrantes de la restauration scolaire, et une indemnité kilométrique sera discutée pour le transport des repas. Tout n’est pas négatif, comme ne serait pas négative, bien au contraire, la création d’un atelier culinaire de proximité à Épierre sous l’égide du Syndicat du pays de Maurienne.

Jacqueline Dupenloup

2 réflexions sur “Sur la restauration scolaire, et un peu plus 

  • Mauricette Elephterion

    Un euro c’est pas trop pour un repas, les légumes, viandes poissons, les prix sont élevés, même deux euros. Je trouverai ça normal, l’état donne pour les rentrées scolaires, les familles peuvent faire un effort. Trop de gratuité c’est pas bon pour le pays.

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  • Maurice Girard

    Bonjour, la voie de la raison et du compromis. Jacqueline Dupenloup RESTE.

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