ÉconomieEnvironnementÉquipement

Avec la création d’un chenal, le barrage de Lachal va être démantelé

Le démantèlement du barrage de Lachal et la création du chenal qui le remplacera vont entrer dans leur phase d’exécution. Dans sa nouvelle configuration, la prise d’eau est déplacée à l’aval immédiat du confluent des torrents du Tépey et du Glandon. Les différentes étapes des travaux sont arrêtées. Seule incertitude, la date d’ouverture du chantier : soit début juillet (mais alors les travaux ne pourraient pas s’interrompre de l’été, sauf le jour du 15 août), soit le 18 août pour préserver la semaine du 15 août des nuisances du chantier. Une autre hypothèse qui renverrait les travaux en 2026 est fortement combattue par la commune de Saint-Colomban-des-Villards. Elle paraît toutefois peu vraisemblable.  

Dans le cas où les travaux débuteraient début juillet (et la commune pousse pour ce calendrier), ils se dérouleraient ainsi (dans l’autre hypothèse ils seraient décalés d’autant) :  

• juillet : vidange de la retenue et mise du Glandon au fil de l’eau ;
• de mi-juillet à septembre : retrait du matériel d’exploitation et démantèlement du haut du barrage (de la crête au pied de l’ouvrage) ;
• de septembre à octobre : mise en sécurité effective de l’ouvrage avec l’ouverture d’une brèche de 20 mètres de large dans le barrage ;
• d’octobre à mi-décembre : dérivation du Glandon en rive gauche entre sa confluence avec le torrent du Tépey et l’aval du barrage actuel pour créer le chenal, remodeler le lit, protéger les berges (entre le pont du Moulin, au milieu de Lachal, et l’aval du barrage actuel), et démanteler le barrage et sa prise d’eau ;
• d’août 2026 à mi-décembre 2026 : réalisation et mise en service de la prise d’eau.

Une réunion de tous les services concernés est prévue fin avril sur le site et une réunion avec les riverains programmée fin mai à l’initiative de la commune pour présenter les nouveaux ouvrages et la façon dont seront consolidées les berges par enrochements. Pour échanger aussi sur les nuisances (bruit, poussière, passages de camions, etc.) qu’un  chantier de cette importance suppose…

■ Un ouvrage bientôt démantelé. (Photo Roland Bellot-Champignon.)  

Les sociétés de pêche ont été consultées sur les conséquences de ces travaux d’envergure sur l’activité piscicole dans le Glandon. Elles estimeraient que les solutions proposées par le maître d’ouvrage pour les réduire sont satisfaisantes car les enjeux piscicoles sont faibles, en amont comme en aval de la retenue, compte tenu du transport continue de sédiments. D’ailleurs aucun poisson n’aurait été recensé lors d’inventaires piscicoles.

Conçue par un groupe d’anciens d’EDF – peu à peu mis de côté par des « privés » au fur et à mesure de l’avancement des études… – l’exploitation de la centrale de Saint-Alban-des-Villards (dont la retenue de Lachal est partie intégrante) a été attribuée à la société Forces hydro techniques (FHYT) le 26 octobre 1999 par arrêté préfectoral. L’aménagement a été mis en service en 2003. L’exploitation a été reprise par la société Forces Hydrauliques de Meuse (FHYM, arrêté préfectoral du 25 novembre 2008) puis la Société hydraulique d’études et de missions d’assistance (Shéma, arrêté préfectoral du 26 décembre 2017).

Ces travaux sont l’aboutissement de 6 ans de pression exercée par les riverains, la commune et les pouvoirs publics sur l’exploitant actuel suite aux crues successives qui ont montré combien l’édification d’un barrage en travers du Glandon était une « aberration technique » (selon les mots d’un technicien en charge du dossier) qui mettait en danger les riverains en modifiant de manière significative le lit du torrent dans la traversée du hameau de Lachal. Comme on a pu l’observer lors des crues importantes de 2017 (30 juillet et 8 août, cette dernière aussi violente que celle de juillet 1994 qui avait été jugée exceptionnelle par les riverains), 2018 (5 août et 21 août), 2020 (1er juillet), 2021 (30 juillet), etc. Malgré des déblaiements réguliers, ces crues et le courant naturel du Glandon qui charrie continuellement des matériaux ont finalement réduit de moitié la capacité initiale utile de la retenue qui était de 55 000 m3 au moment de sa mise en eau…

■ Un environnement saccagé. (Photo X.)

En définitive, tout s’est accéléré suite à une réunion en préfecture (12 septembre 2024) bien qu’il soit apparu, à l’époque, que le dossier n’avait pas progressé, selon le sentiment même des Villarins présents à cette réunion. Mais une semaine plus tard (19 septembre 2024), le préfet adressait à Shéma un procès-verbal de « manquement administratif » exigeant le dépôt du dossier de demande d’autorisation pour les travaux au plus tard le 30 novembre 2024…

Les riverains, qui demandaient depuis des années la suppression de cette retenue, vont être soulagés d’apprendre sa démolition qui permettra le retour d’un transit sans entrave des crues et laves torrentielles. Mais qu’en sera-t-il de la remise en état des terrains ? Les berges du Glandon, dans la moitié aval du hameau de Lachal, sont désormais recouvertes d’épaisses couches de sédiments schisteux impropres à leur revégétalisation. Les habitants auront très probablement des choses à dire sur ce point quand ils rencontreront, fin mai, les élus et les responsables de Shéma.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *