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Domaine skiable : pas de candidat à la reprise de l’exploitation dans le cadre d’une concession

« La commission communale de DSP, réunie le 21 février, a constaté qu’il n’y avait aucun candidat pour reprendre l’exploitation du domaine skiable dans le cadre d’une DSP de type concession. » (1) Cette annonce faite par Pierre-Yves Bonnivard, maire de Saint-Colomban-des-Villards, au conseil municipal le 21 février dernier, n’a surpris personne comme l’a affirmé d’emblée Paul Paret quand les échanges entre les élus et le public furent autorisés (2)

Un résultat prévisible

Paul Paret : « Telle que la DSP a été lancée, ça me semblait mal parti : qui allait mettre 30 millions d’euros sur la table pour (investir) et pour reprendre une exploitation avec 500 ou 600 000 euros de déficit annuel ? Mais je me suis dit, peut-être que le maire a une surprise derrière (à nous annoncer) et qu’il est allé voir nos collègues de la Satvac. En février 2023, on est allés – les membres de la commission du domaine skiable – avec eux là-haut sur le domaine skiable, c’était tout fait, on devait faire un téléporté pour décembre 2025 ce qui avait été accepté par le conseil municipal en 2021 ou 2022. Après on est partis dans des projets complètement furieux pour monter à la Pierre du Turc. C’était déraisonnable. Et aujourd’hui ce qui est déraisonnable c’est que vous dites : « On va lancer une procédure de DSP par affermage. » On perd 800 000 euros par an. Qui va venir en affermage ? Personne ! Il me semble pourtant que c’est vital pour Saint-Col que quelqu’un vienne ! »

Puis, apostrophant les conseillers municipaux (« Les conseillers, je ne vous entends pas ! »), Paul Paret a ajouté : « Il faudrait quand même prendre contact avec des gens qui peuvent être intéressés. Qui ? Ceux qui nous ont dit en 2023 : on peut éventuellement faire un potentiel de ski. Dans un article publié ce mois-ci dans Challenges, Saint-Col est noté en vert, La Toussuire et Saint-Jean-d’Arves en rouge au point de vue enneigement. Saint-Sorlin-d’Arves est en orange. On voit que dans des conditions climatiques comme cette année où il a quand même gelé, on a pu faire de la neige de culture. On a quand même une altitude où on peut défendre un projet. Et je ne comprends pas, Monsieur le maire, que vous ne preniez pas contact avec nos voisins. Que vous disent vos collègues ? Vous avez pris contact avec eux ? Est-ce que vous voulez le faire ? »

Production de neige de culture (15 février 2025). (Photo Jacqueline Dupenloup.)

« Il y a plusieurs questions dans votre intervention a répondu Pierre-Yves Bonnivard. D’abord le projet de réaménagement du domaine skiable a toujours été transparent. On a toujours réuni, depuis plusieurs années, quand il le fallait, la commission du domaine skiable dont vous faites partie. L’évolution du projet ne peut donc pas être une surprise. Ensuite, sur le déficit à hauteur de 800 000 euros. Le déficit d’exploitation est structurel à Saint-Colomban faute de clé de répartition de recettes et du chiffre d’affaires. Ce déficit est variable entre 400 000 à 600 000 euros. Mais les très mauvaises années il peut bondir à 800 000 euros et dépasser 1 million d’euros comme l’an dernier. Ce déficit – et tout cela sera expliqué dans une lettre ouverte qui sera adressée à tous les Villarins (lire ICI) – existait déjà avant 2016. Ce déficit a toujours existé. C’est la raison pour laquelle, dans le contrat de DSP de 1998 signé avec la Satvac était intégrée une clause prévoyant le versement de pénalités pour lits non construits qui était une façon de détourner la loi afin que la commune puisse verser une subvention à l’exploitant des remontées mécaniques pour participer à l’équilibre financier de l’exploitation du domaine skiable. Enfin, vous demandez si nous avons pris contact avec nos voisins et même si nous avons envie de faire. Oui nous avons pris contact avec nos voisins, oui nous avons envie de le faire, oui nous avons toujours envie de faire. Quand j’aborde le sujet du domaine skiable avec les autres communes et notamment l’aspect financier, je constate que c’est un sujet tabou, et quand on a abordé le sujet avec les exploitants des Sybelles – quand on pouvait le faire car il y a des périodes qui ne nous permettent pas de discuter et d’avoir des liens avec de potentiels candidats –, on a constaté qu’ils étaient partisans du projet et c’est pour cela que nous avons lancé une DSP de type concession. On a posé la question et maintenant on sait. Nous avons également eu des contacts avec d’autres exploitants de domaines skiables qui ont posé des questions sur ce qui se passait à Saint-Col. Donc notre situation et notre projet sont connus. Aussi, attention de ne pas faire circuler de fausses informations pour quelque raison que ce soit et de ne pas dire : « Ils n’ont pas envie de discuter. » Non, c’est faux. Les choses ont été largement établies et tous les élus qui sont autour de la table peuvent en témoigner. Après si on veut continuer à ne pas le croire, ma foi, libre à chacun de le penser. »

« Vous ne m’avez pas tout à fait convaincu a répliqué Paul Paret à ces explications. J’insiste car si le ski s’arrête, je ne sais pas si tout le monde en sent les répercussions. Il me semble que si on était une commune esseulée, si on n’était pas dans les Sybelles, le ski serait fini depuis longtemps. Regardez La Morte (3) c’est compliqué. Mais comme on est dans le groupe des Sybelles je pense que c’est notre chance. Avec mon frère André, on vous avait dit, il y a trois ou quatre ans, qu’il fallait laisser l’exploitation du domaine du haut à la Satvac et que Saint-Col ne garde peut-être que le bas car pour Saint-Col c’est compliqué de tout gérer. On n’en a pas les moyens ni techniques ni financiers. On n’a pas le cash. Pourquoi ne pas envisager une DSP en deux parties. (…) On aurait intérêt dans notre projet de DSP à laisser le haut. Ils s’en occupent et Saint-Col prend le bas et avec la télécabine qui coûte 20 millions, peut-être de réessayer (d’avancer le projet). (…) On a quand même des cartes à jouer. C’est dans cette optique qu’il faudrait peut-être aller les voir et discuter parce qu’on peut quand même sérieusement discuter avec des gens quand on est ouvert me semble-t-il. On a rencontré M. Deléglise, M. Buisson, ils étaient ouverts en 2003 et ils sont intéressés car La Toussuire a de moins en moins de neige. »

Ces propositions de Paul Paret ont fait réagir Jacques Maurino qui a recentré le débat en demandant : « Mais qui prend (en charge financièrement) le téléporté ? Personne n’en veut, c’est la « patate chaude. » » et Cédric Émieux (conseiller municipal) : « On laisse le haut qui n’est pas cher et nous on prend le bas avec toutes les dépenses ? On va couler… », Jacques Maurino affirmant : « La Toussuire (n’exploitera) jamais le télésiège de Charmette. Jamais ! Jamais ! Jamais ! »

Le télésiège La Charmette. (Photo Geoffroy Delabre, www.remontees-mecaniques.net.)

S’en est alors suivi cet échange :
– Paul Paret : « Mais le télésiège de Charmette il paraît qu’il va fermer donc il faut faire autre chose. »
– Jacques Maurino : « Mais on ne peut pas ! »
– Paul Paret, exaspéré : « Mais vous nous avez raconté (ce projet) pendant 10 ans et aujourd’hui vous nous dites : il n’y a plus rien, il n’y a plus de pognon… Alors ce n’est pas moi qui tiens les cordons de la bourse. Ce n’est pas moi qui ait avancé ce projet, c’est vous, c’est la mairie et aujourd’hui vous nous dites il n’y a plus de projet on va faire de la patinette et du patin à glace ! »
– Bernard Wyns (conseiller municipal) : « On n’a pas dit : il y a pas de projet. On a dit : on a lancé un appel à candidatures et il n’y a pas eu de réponse. Donc on relance un autre type de DSP. On n’a pas abandonné le projet. »

Cette intervention de Bernard Wyns a semé la confusion car le résultat de la DSP concession qui venait d’être annoncé montrait clairement que le projet de téléporté ne pourrait pas se faire faute de financement. Alors de quel projet parlait-t-on ?

C’est en répondant à une question de Paul Paret (« Vous allez lancer une DSP sans investissement. Mais est-ce que la commune participera à un investissement potentiel ? Si elle ne participe pas, c’est ça qui me fait peur. »), que le maire de Saint-Colomban a apporté des précisions sur ce point. Pierre-Yves Bonnivard : «  La commune peut-elle participer à des investissements ? Le préfet a précisé récemment à la commune qu’à partir du moment où elle investissait pour le compte de son domaine skiable ces investissements devaient se retrouver dans le budget annexe des remontées mécaniques qui doit s’équilibrer sans participation du budget communal. On peut ne pas être d’accord, mais c’est la réalité. Jusqu’en 2020 et 2021 on nous a laissés faire. Depuis 2024 on ne peut plus participer au budget des remontées mécaniques avec le budget de la commune. Aussi quand on entend : « On nous balade, on nous balade », c’est un ressenti mais le projet on l’a toujours porté et il faut savoir que, jusqu’à ce jour, il n’y a jamais eu le tour de table financier pour accompagner St-Col dans son projet de réaménagement de son domaine skiable. Il n’y a personne. Et c’est pour cela qu’on a lancé une DSP concession (qui montre) qu’il n’y a aucun autre partenaire financier sur qui on peut compter. »

Soit, mais en 2019 la commune n’avait-elle pas un dossier financièrement bouclé interroge alors Jean-Marie Dufour : « En 2019 il y avait un projet et la direction générale des finances publiques avait autorisé la commune à emprunter 10 millions d’euros mais ça n’a pas abouti. Pourquoi ? »
– Pierre-Yves Bonnivard : « Ce n’est pas que le projet n’a pas abouti c’est qu’avant d’engager les choses de manière plus précise il fallait qu’on sache combien la commune pouvait mettre, et avec les taux et les conditions budgétaires de l’époque, oui, on avait fait cette analyse. Mais en cours de route les choses changent. »
– Jacques Maurino : « Et la capacité d’emprunt de la commune à hauteur de 10 millions c’était à condition que la commune ne reverse plus rien aux remontées mécaniques…. »
– Pierre-Yves Bonnivard : « … et qu’elle ait en contrepartie des redevances et des recettes. »
– Jean-Marie Dufour : « Non ! En réalité ça n’a pas abouti car il y a eu un changement de tracé qui a tout remis en cause. »
– Jacques Maurino : « Il faut quand même dire qu’on s’est fait un peu balader par La Toussuire car j’ai assisté à une réunion (4) où les gens de La Toussuire sont venus en disant qu’on avait pratiquement tout intérêt à faire monter notre téléporté sur les crêtes parce qu’ils allaient faire un parc d’attractions fonctionnant été comme hiver ; donc ne vous arrêtez pas en Bellard, allez jusqu’au bout. Et puis après on s’est fait avoir. Entre parenthèses, La Toussuire est tellement sympa, tellement proche de nous, qu’il a fallu que ce soit Saint-François qui aide St-Col pour l’école de ski. »
– Cédric Émieux : « La Toussuire s’est aussi fait coincer par Saint-Sorlin-d’Arves qui ne veut pas de ce parc d’attraction. »
– Pierre-Yves Bonnivard : « La commune de Saint-Colomban a toujours été partisane de ce parc d’attractions. C’est pour cela que le projet de téléporté à un moment donné est allé jusqu’à la Pierre du Turc, pour déverser des gens de l’autre côté. Tout cela a été discuté mais ça n’a pas abouti par rapport à des circonstances car à partir du moment où ce projet est remis en cause par Saint-Sorlin-d’Arves… On est dans une organisation. Et si un membre de cette organisation bouge ça fait bouger aussi un petit peu les autres. »

Ces tensions dans l’Arvan ont fait dire à Jacques Maurino que le périmètre des Sybelles risquait de changer : « Je m’explique. Il y a une commune, une station, qui n’a pas très envie de rester dans les Sybelles, c’est Saint-Sorlin-d’Arves. Ils ont besoin de personne car ils ont un domaine skiable incroyable. Aujourd’hui il y a (des conflits) entre Saint-Sorlin-d’Arves et la Soremet et ce n’est pas sans conséquences. Par exemple, le téléporté qui aurait dû se faire à Saint-Sorlin-d’Arves il y a déjà deux ans, ne s’est pas fait. Et la commune vote systématiquement contre les tarifs proposés par Sybelles.com, etc. Attention, on aura peut-être pour une fois une carte à jouer car les Sybelles ça va devenir les quatre Belles. »

Quel rôle pour la collectivité ?

C’est à ce point de la discussion que Pierre Chanvrier a orienté le débat sur ce que devrait être, selon lui, le rôle d’une collectivité dans le développement touristique. Pierre Chanvrier : « Je voudrais faire un constat et donner mon ressenti. Il y a 20 ans, 25 ans, que je connais Saint-Colomban. Je rejoins M. Paret, sans le ski…, et il n’y a pas de transition. Elle n’a pas pu se faire, certainement pour des problèmes budgétaires, peut-être à cause d’orientations, d’erreurs, mais peut-être (que maintenant) il faut faire amende honorable, il faut peut-être revoir la copie. Il faut peut-être être moins ambitieux, se dire qu’on n’est peut-être pas assis sur un tas d’or mais, comme vous le dites, on n’est peut-être pas si mal placés en orientation et en enneigement. Il faut rebattre les cartes. Il n’y a pas de projet, Monsieur Bonnivard. Il n’appartient pas à la collectivité, comme ça été fait avec un ÉPIC par exemple, il n’appartient pas à la collectivité de se substituer aux investisseurs et aux privés. Le privé, il sait ramener du pognon et sait faire de la marge. La collectivité doit juste mettre en œuvre une infrastructure qui permette… Par exemple vous avez une autoroute qui passe, vous avez un projet de zone économique, alors il faut faire un diffuseur autoroutier et là vous avez tous les privés qui s’installent. »

(En aparté, un Villarin s’est alors demandé : « Mais si, depuis 1989, la commune ne s’était pas « substituée »  aux privés, qui aurait construit les remontées mécaniques de l’Ormet et de Bellard, et les lits de La Perrière ? »)

Cette comparaison « autoroutière » ayant été contestée par Jacques Maurino (« Les autoroutes gagnent de l’argent, nous on en perd ! Les remontées mécaniques n’ont jamais gagné de l’argent ! »), Pierre Chanvrier a précisé : « C’est pas le sujet. (…) Il n’y a pas de projet. Vous vous substituez au privé. Vous mettez des conditions… enfin qui va venir mettre 30 millions sur la table ? Le projet ce serait peut-être de faire un business plan avec des forfaits pas chers, de faire du low cost, un parking de 1 000 places financé par la commune, le département, la région j’en sais rien, c’est tout l’inverse. »
– Pierre-Yves Bonnivard : « Qui te dit que ça n’a pas été fait ? »
– Pierre Chanvrier : « Vous lancez une DSP mais derrière vous n’avez pas de projet d’infrastructure. »
– Cédric Émieux : « Mais il y avait le projet du téléporté. »
– Pierre Chanvrier : « Mais le projet ce n’est pas le téléporté, le projet pour une collectivité c’est de mettre une infrastructure en place comme une autoroute, un parking, etc. »
– Jacques Maurino : « Donc toi tu penses qu’il faudrait faire des lits ?  Eh bien, commencez par acheter les lits qui sont à vendre ! Aujourd’hui il y en a encore plein en face et il y a combien de temps qu’ils sont en vente ces appartements ? Il y a 15 ans ! »
– Pierre Chanvrier : « À La Pierre ? Mais c’est normal, il n’y a personne qui veut acheter là. »
– Jacques Maurino : « Tu as raison. Tu vas aller mettre des sous dans un truc à 1 000 m d’altitude ? »
– Pierre Chanvrier : « Oui je l’ai fait il y a longtemps. »
– Jacques Maurino : « Moi j’ai fini ma carrière dans l’immobilier. Vous savez quel était le nom de Saint-Colomban ? Le cimetière des promoteurs. »

Rencontrer La Toussuire…

La non-participation des exploitants des Sybelles paraissant inconcevable, la proposition d’une énième rencontre avec eux est revenue dans la discussion.
Daniel Paret : « On sait que La Toussuire, ils font 15 millions de CA et 1 million de bénéfice chaque année. Il faut parler avec eux, essayer de faire une petite commission et nous-mêmes avancer un budget minimum (d’investissement) pour pouvoir positiver parce que là on est un peu dans une impasse. »
Ce qui a permis à Pierre-Yves Bonnivard de préciser : « On essaie de  trouver une solution acceptable qui puisse faire fonctionner le domaine skiable (…) mais là, maintenant, on est sans investissement sur le domaine skiable. Il ne faut pas penser qu’on n’a pas de discussions avec nos voisins. Le projet de réaménagement a été expliqué au printemps 2024 à tous les exploitants des Sybelles. Ce projet c’était, en lien avec l’installation d’un téléporté, d’avoir des parkings supplémentaires – on a les terrains en Pouchet – c’était de remplir et d’optimiser les lits actuels car avant d’en construire il faut remplir ceux qu’on a. Et dans le cadre du SCoT on a encore le droit de construire des hébergements touristiques sur du foncier que maintenant on maîtrise mais qu’on ne maîtrisait pas jusqu’à maintenant. On fait les choses quand on est propriétaire. Mais pas toujours. Par exemple, aujourd’hui, la commune est propriétaire depuis le mandat précédent des terrains du front de neige mais la commune est au tribunal par une personne de St-Col sur le permis de construire. L’affaire est en cours et la commune ne peut rien faire. Nous avons aussi mis la main sur le bâtiment G et la maîtrise foncière de La Perrière. Et tout cela a été dit à nos voisins. Le projet complet leur a été présenté. Car on pense qu’à partir du moment où la commune met peu d’argent dans le fonctionnement ni directement dans le domaine skiable, elle a de l’argent pour investir sur des choses qu’elle maîtrise. »
Jean-Marie Dufour : « C’est pour ça que Pouchet a été exproprié il y a 15 ans mais rien n’a été fait, ce qui rejoint les propos de Pierre Chanvrier. »

Le front de neige (27 février 2025). (Document webcam.)

Quel plan B ?

À ce moment des échanges, Paul Paret a posé la question que tout le monde avait sans doute en tête : « Et si personne ne répond à la DSP affermage, vous faites quoi ? On ferme tout ? » Après que Cédric Émieux ait répondu : « Si personne répond c’est que personne n’est intéressé et c’est pas la peine d’aller discuter. », Jacques Maurino a proposé : « Supposons : il n’y a personne qui répond à rien de rien. Ne peut-on pas imaginer un plan de repli en disant : on se met en retrait temporairement des Sybelles, on fait tourner le télésiège et le téléski de l’Ormet et le petit remonte-pente en bas pour gagner du temps en attendant peut-être que la commune finisse de rembourser un certain nombre de prêts et regagne de l’autonomie financière. Parce que si on avance avec aucun plan, on va se retrouver le 10 décembre prochain en disant : qu’est-ce qu’on fait ? Je pense qu’il faut d’ores et déjà créer des possibilités, qu’on utilisera ou pas, mais il ne faut pas qu’on reste en disant : pourvu que. »
– Bernard Wyns : « C’est bien d’avoir des plan B, on y travaille forcément. »
– Jacques Maurino : « J’espère et par exemple en prévoyant déjà de l’argent pour réparer le téléski de l’Ormet qui n’aurait jamais dû être fermé. » un avis partagé par Bernard Bozon-Viaille, saisonnier aux remontées mécaniques : « C’est la seule piste de débutant qu’on avait. C’est une grosse erreur d’avoir fermer ce téléski. »
– Daniel Paret : « Mais (avec ce plan B) on est dans le négatif tout de suite et ça va pas durer longtemps. »
– Pierre Chanvrier : « Le plan de Maurino c’est ce qui nous pend au nez car il y a personne qui va investir. »

La discussion s’est ensuite orientée sur le prix – jugé trop cher – du forfait propre au domaine de Saint-Colomban. Ce forfait permet de skier au-delà du col de Bellard (en Longecombe) et d’utiliser le télésiège débrayable du Gaston express. Sur ce point, Pierre-Yves Bonnivard a précisé que ce prix était le résultat d’une politique tarifaire mise en place avec l’accord de la commune par les exploitants des Sybelles (un tel forfait spécifique existant dans chaque station des Sybelles à côté du forfait Sybelles). Et Jacques Maurino a rappelé « qu’à un moment donné la commune de Saint-Colomban a presque été contrainte de signer un document disant qu’elle allait aligner ses tarifs avec les autres stations. On s’est toujours fait avoir ».

Longecombe (15 février 2025). (Photo Jacqueline Dupenloup.)

Regrettant que la commission communale du domaine skiable soit « jusqu’à présent »,selon lui, « (restée) un tout petit peu en retrait » des débats, Daniel Paret, membre de cette commission, a proposé « pour positiver » de s’investir « avec d’autres personnes, dans une discussion (avec les Sybelles) sur le domaine skiable ». Une proposition que Pierre-Yves Bonnivard a d’abord retenue (« On retient la proposition. Ce qui permettra peut-être de voir qu’il y a discussion. ») avant de sembler mettre un bémol à sa réponse : « À un moment donné, des dossiers peuvent être travaillés en commission pour avoir des avis, et à un moment donné il y a aussi des échanges qui se passe avec des membres de la société civile et les élus. Mais à un moment donné il faut aussi que chacun reste à sa place et discuter avec les partenaires c’est le rôle des élus et même pas de tous car il y a une commission qui a été créée à cet effet. »

À la fin de ces échanges qui semblaient avoir suffisamment montrer que le téléporté n’était plus à l’ordre du jour, un intervenant a alors demandé de manière étonnante : « Et des discussions avec la communauté de communes sur un ascenseur valléen, il y en a eues ? Car il permettrait aussi aux gens de descendre en bas dans la vallée avec les cabines. » Question à laquelle le maire a répondu : « La communauté de communes n’a pas la compétence domaine skiable et ne la veut surtout pas. Durant le mandat précédent, quand le conseil communautaire a discuté des zones d’activité économiques, s’est posée la question de savoir si un domaine skiable pouvait être une zone d’activité économique. Et la réponse a été non. Par ailleurs, pour en revenir au téléporté, ce projet a été discuté à la communauté de communes, au département, à la région, avec les services de l’État, et aucun de ces partenaires possibles ne s’est engagé. »

Une vallée sous le choc

Ces moments d’incertitude quant à la reprise du domaine skiable sont vécus comme une tragédie par les socioprofessionnels comme a pu en témoigner Valérie Favre-Teylaz, conseillère municipale, applaudie pour cette intervention : « Moi j’entends complètement l’inquiétude de la population par rapport à la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui. Je suis la première concernée et je pense qu’il faut qu’on positive et qu’on trouve des solutions et ces solutions il faut qu’on les trouve ensemble. Il faut se battre un petit peu. Il ne faut pas que la station ferme. »

Répondant à une personne qui estimait que « le téléporté pourrait très bien servir l’été également », Valérie Favre-Teylaz a ajouté : « Aujourd’hui ce téléporté n’est pas fait et on peut pas le faire. C’était un beau projet qui aurait pu nous projeter sur 30 ans, fonctionner été comme hiver, ça nous aurait sortis de l’impasse dans laquelle on est. Mais là c’est dur, c’est compliqué (car) sans le réaménagement, le domaine skiable est condamné. Quand il n’y a pas de neige en bas les clients sont coincés, les moniteurs peuvent pas travailler, etc. »

En fin de réunion, à Paul Paret qui a demandé quand le résultat de l’appel à candidatures pour une DSP de type affermage serait connu, Pierre-Yves Bonnivard a indiqué : « On va faire une réunion du conseil municipal très bientôt et après il faut compter au minimum un mois après le lancement de l’avis. » Paul Paret insistant : « Et si pas de réponse ? », Pierre-Yves Bonnivard a conclu par un laconique « on verra »

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(1) La commission de DSP, constituée uniquement d’élus, comprend le maire et trois titulaires : Valérie Favre-Teylaz, Stéphanie Lafaury et Cédric Émieux, et trois suppléants : Bernard Wyns, Marie-Thérèse Ledain et Dominique Metz respectivement 1er, 2e et 3e suppléants.↩︎
(2) Dans ces échanges, deux questions ont été posées par Jean-Marie Dufour et Pierre Chanvrier sur la démolition du bâtiment G qui était aussi à l’ordre du jour de la réunion du conseil municipal. Pour ne pas couper le fil de la discussion sur la reprise du domaine skiable, nous avons préféré ne pas les mentionner dans cet article. Elles apparaîtront dans le compte rendu de la réunion du conseil municipal qui sera publié ultérieurement.↩︎
(3) Commune support de la station de l’Alpe du Grand Serre (Isère).↩︎
(4) Le 18 juillet 2023 à la salle des fêtes de Saint-Colomban (Le Petit Villarin numéro 205, septembre 2023).↩︎

Photo de « Une » : File d’attente au téléski de Cuinat (18 février 2025). (Michel Favre-Trosson.)

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