Inauguration de la microcentrale du Merlet
Une centaine de personnes ont assisté à l’inauguration de la microcentrale du Merlet avec visite de la prise d’eau et des installations de l’usine de production située au pont du Merlet (*).
Dans son discours, Jacqueline Dupenloup, maire de Saint-Alban-des-Villards, a rappelé les raisons qui ont poussé la municipalité a réalisé un nouvel ouvrage hydroélectrique sur la commune : « D’abord nous avons eu la volonté de participer, à notre niveau, avec nos possibilités locales, à la production d’une énergie sans émission de gaz à effet de serre, d’une énergie renouvelable. Aujourd’hui, le changement climatique n’est plus discutable. Il est là, avec sa violence, ses canicules mais aussi ses crues et ses pluies diluviennes. Réduire la production d’énergie fossile devient incontournable. Ensuite il fut un temps où notre commune avait pour seule richesse ses coupes de bois, temps pas si lointain à l’échelle de l’histoire. Aujourd’hui, la forêt à Saint-Alban ne rapporte plus d’argent à la commune. Objet d’un entretien régulier, on peut même dire qu’elle lui en coûte. Nous nous tournons donc vers d’autres ressources naturelles qui peuvent nous permettre d’avoir encore un vrai budget, de prévoir des investissements au service des habitants, de nos visiteurs, de nos touristes. »
La prise d’eau de cette centrale est située à 1 700 mètres d’altitude et le bâtiment de production – où les eaux sont turbinées avant d’être rejetées dans le lit naturel du cours d’eau – au pont du Merlet à 1 050 mètres. Selon l’exploitant, l’ouvrage devrait « produire 11,4 GWh soit la consommation en électricité de 10 000 à 12 000 personnes ». À titre de comparaison, celle sur le Bacheux produirait 12 GWh et l’aménagement hydraulique de Saint-Alban-des-Villards (retenue de Lachal) quelque 30 GWh. La maintenance et le contrôle des microcentrales du Bacheux et du Merlet sont assurés par Emmanuel Bellot-Mauroz.

Forte de l’expérience acquise dans le fonctionnement de la société d’économie mixte (SEM) créée pour la gestion de la microcentrale du Bacheux (**) – baptisée Jo-Blanc (***), – la commune de Saint-Alban-des-Villards s’est de nouveau engagée dans une SEM pour gérer celle du Merlet (la commune y détient 50,1 % du capital soit 18 345 euros). Jacqueline Dupenloup : « La commune (…) manquait de technicité, d’expertise et de finances. La coopération avec un partenaire privé était incontournable et nous avons déjà travaillé avec le groupe Nouvelles Énergies Hydrauliques, filiale d’Hydrocop, pour la microcentrale du Bacheux. Nous avons confiance en sa technicité. »
Ce projet sur le Merlet, décidé en juin 2017, a été discuté avec la population au cours « d’un processus de concertation comprenant 3 réunions publiques (2017, 2019, 2021), une réunion avec les pêcheurs locaux (2017) et une avec la fédération départementale de la pêche (2020), 2 réunions (entre 2018 et 2021) avec l’ACCA des Saint-Alban et 3 réunions avec l’éleveuse présente dans la combe. À cela s’ajoute la réunion de la campagne électorale (février 2020, avec le projet de microcentrale clairement inclus dans le programme prévisionnel du mandat) et l’enquête publique (…) avec 4 permanences du commissaire enquêteur et une visite sur le site avec lui (2021) ».
Cette concertation a permis « de respecter les usages du secteur, affirme Victorien Jollivet, ingénieur des travaux chez Hydrocop, dans une vidéo présentant la réalisation de l’ouvrage sur le Merlet. « D’abord on a organisé les travaux du chantier pour maintenir un accès et la montée et la descente du troupeau de l’alpagiste qui travaille dans la combe du Merlet. On a aussi travaillé avec les pêcheurs en aménageant des points d’accès au torrent (du Merlet) depuis la piste de la conduite forcée. En terme d’usage on a également respecté l’alimentation en eau potable du secteur. La moitié inférieure du tracé de la conduite forcée emprunte le cheminement de la d’eau potable de la commune. Donc ont a démarré les travaux en créant une bretelle provisoire pour maintenir cette alimentation pendant toute la durée du chantier. Dans le cadre de ces travaux on a aussi remplacé à neuf, sur 750 mètres, ce réseau en parallèle de la conduite forcée. Enfin, pour respecter l’usage du réseau d’eau des fontaines on a prévu une réalimentation de ce réseau depuis un piquage sur la conduite forcée. »

À propos du réseau des fontaines, qui datent de 1905 et qui dessert tous les hameaux sauf le Premier-Villard, Jacqueline Dupenloup a précisé : « La commune a profité du chantier et de la maîtrise d’œuvre de la SEM pour reprendre à nos frais, 30 480 euros, le réservoir d’eau avec remise à niveau du décanteur, reprise de la maçonnerie du mur extérieur, remplacement de la vanne de vidange et des tampons d’accès, changement de 130 mètres de conduite. »
En conclusion Jacqueline Dupenloup a remercié « les habitants de Saint-Alban-des-Villards et tout particulièrement du Premier-Villard pour leur patience durant les travaux de l’été 2023, qui ont accru la circulation des camions dans le hameau et la forêt communale » ainsi que « l’éleveuse en convention pluriannuelle de pâturage et sa bergère qui ont été particulièrement impactées dans la conduite du troupeau durant la saison 2023 ». Elle a également remercié les entreprises et leurs personnels « qui ont été très attentifs aux remarques de la commune, ont veillé à la propreté des chantiers et ont travaillé à la remise en état ».

Dans son intervention, Jean Éric Carré, directeur général de la société Hydrocop, s’est dit « heureux que 7 ans d’efforts se concrétisent et fier de la confiance de la commune renouvelée depuis 15 ans ». Il s’est félicité de la réussite du partenariat public privé et a indiqué que la filière de l’énergie hydroélectrique, qui rendait des « services bien au-delà de la simple énergie » méritait un « traitement d’exception » alors qu’elle était la « grande oubliée de la transition énergétique qui focalise sur l’éolien et le solaire, énergies intermittentes ». S’adressant à Émilie Bonnivard, il a ajouté : « Mme la députée, il faut remettre l’hydroélectrique à sa juste place dans notre mix énergétique, réconcilier les politiques de l’eau et de l’énergie, intégrer aux schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux des objectifs de développement de la filière, et reconnaître tout l’intérêt du caractère permanent de la production hydroélectrique dans des réalisations comme la microcentrale du Merlet. » Saluant la réalisation sur le Merlet, Émilie Bonnivard a répondu qu’elle partageait cette analyse quant à la différence qualitative entre l’éolien, le solaire et l’hydroélectrique.
Pour conclure, Jean Éric Carré a salué l’investissement « de 3 personnes sans qui ce projet n’aurait pu voir le jour : Victorien Jollivet, maître d’œuvre, très attentif à la qualité technique et environnementale du projet, Céline Martinet, directrice de la SEM, très à l’écoute des besoins, et Jacqueline Dupenloup, personne de grande droiture ».

À midi, tout le monde fut convié à apprécier le buffet dînatoire préparé par Marc Vuillermoz et servi devant la mairie.
______________________________________________________
(*) Autour de Jacqueline Dupenloup, maire de la commune, et Jean Éric Carré, directeur général de la société Hydrocop, on pouvait noter la présence de la sous-préfète de Saint-Jean-de-Maurienne (qui a visité les installations le matin avant de rejoindre la sous-préfecture en milieu de journée), d’Émilie Bonnivard, députée de Savoie, de Mathilde Sonzogni, vice-présidente de la 4C et maire de La Chambre, de Dominique Lazzaro, maire de Saint-Étienne-de-Cuines, et d’Yves Rol, premier adjoint au maire de Saint-Rémy-de-Maurienne. Également présents Annie Bordas, Christophe Cirette, Marc Clérin, Michel Donda, Nicole Roche, membres du conseil municipal de Saint-Alban, Daniel Quézel-Ambrunaz et Gilberte Girard, conseillers municipaux entre 2014 et 2020, des salariés ou techniciens d’Hydrocop, de la société Enedis, des représentants des entreprises Midali, Mauro Maurienne, Jamen et Bianco qui sont intervenues sur ce chantier, de la société Lumo (investisseur participatif) et de différents représentants actionnaires du groupe Soregie. S’étaient excusés pour leur absence, Martine Berthet, Sénatrice, Sophie Verney et Patrick Provost, conseillers départementaux, retenus par une séance plénière de l’assemblée départementale, Christian Rochette, maire de Saint-Rémy-de-Maurienne, Georges Chamoux, commissaire enquêteur qui a conduit l’enquête publique, et Franck Adisson dont l’habitation avait été touchée la nuit précédente par une crue très violente. Il n’y avait personne de Saint-Colomban-des-Villards, ni du conseil municipal ni de la société civile…↩︎
(**) Les Forces du Bâcheux, SEM dont le capital (37 000 euros) est réparti entre les communes de Saint-Étienne-de-Cuines (28 %), Saint-Alban-des-Villards (23 %) et l’exploitant (Nouvelles Énergies Hydrauliques, filiale d’Hydrocop, 49 %).↩︎
(***) En l’honneur de Joseph Blanc (1949-2014) qui fut maire de Saint-Étienne-de-Cuines entre 1989 et 2014.↩︎
■ Photo de « Une » : l’usine de production de la centrale du Merlet. – (Document Hydrocop.)
Bravo à toute l’équipe municipale, actuelle et passée de St-Alban-Des-Villards pour cette belle réalisation!