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Bilan de la saison hivernale : un cumul de difficultés

Il n’y a pas eu cette année de réunion avec les socioprofessionnels pour tirer les enseignements de la saison hivernale comme cela se faisait depuis quelques années. Un bilan, établi par la direction de l’office de tourisme (OT) de l’Espace Glandon, a néanmoins été présenté le 11 mars dernier au conseil d’administration de l’OT (*).

D’emblée, Pierre-Yves Bonnivard, maire de Saint-Colomban et président de l’OT, a mentionné « une situation de crise (…) inconnue jusque-là » concernant le domaine skiable : « C’est la première fois que le domaine skiable est fermé ou partiellement ouvert sur le haut durant les vacances de février. C’est un évènement exceptionnel et lourd de conséquences que nous avons pu observer cet hiver, l’exploitant des remontées mécaniques a dû fermer le domaine skiable entièrement pendant une période, faute d’enneigement. »(**)

De son côté, Julien Mairot, directeur de SSDS Saint-Colomban, a indiqué : « On a cumulé des difficultés cet hiver : peu de neige naturelle et fragilité de la neige de culture avec des conditions non réunies pour en produire. Durant la fermeture de la station, du 18 au 26 février, la mairie a mis en place gratuitement un système de navettes vers La Toussuire, tous les jours, pour les utilisateurs, mais chaque bus a coûté près de 1 000 euros par jour à la collectivité. » Sur ces déplacements, Patrick Martin-Fardon (qui a mentionné « avoir fait moins de 50 % de son chiffre d’affaires habituel ») a estimé que ce service de « navettes vers La Toussuire (était) bien mais ne (correspondait) pas à l’attente des clients, et qu’une grosse partie de la clientèle sera perdue. »

Julien Mairot a souligné « l’acharnement » et le travail de l’ensemble des équipes des remontées mécaniques et de la mairie pour maintenir autant qu’il était possible une offre ski avec notamment plusieurs aller et retour pour récupérer de la neige sur la route du col du Glandon : « Nous sommes allés au bout de ce que l’on pouvait faire. »

Pierre-Yves Bonnivard a attiré l’attention du conseil d’administration sur la situation financière de la commune et de l’exploitant : « Il y a 1 million d’euros de déficit pour cet hiver. Les ressources financières actuelles de la commune ne permettent pas d’absorber ce déficit et ne permettent pas d’ouvrir le domaine skiable l’hiver prochain sur le périmètre actuel. » Depuis cette déclaration, une solution aurait été trouvée pour combler ce déficit.

Selon Julien Mairot « le domaine villarin est assez particulier pour l’exploitation du domaine skiable, et le budget ne permet pas la maintenance réglementaire des appareils réalisée habituellement. Il n’y a pas les fonds pour commander les pièces nécessaires à la maintenance estivale pour le moment ».

Le groupe Sybelles aurait été alerté sur les difficultés du domaine skiable « dès le mois de novembre, après les premiers dégâts liés aux intempéries des 14 et 15 novembre ». Les évènements climatiques qui ont suivi ayant aggravé la situation. Jacqueline Dupenloup a demandé : « Est-il possible de demander un plan d’aide pour les stations basses en altitude avec peu de neige ? » Pour Julien Mairot : « On observe malheureusement une récurrence des hivers sans neige, avec l’étude de Climsnow qui va dans ce sens. Il va falloir prioriser des zones du domaine et sûrement revoir le périmètre du domaine skiable. »

En conclusion, le conseil d’administration a « réaffirmé la nécessité de se tourner vers un tourisme et une offre 4 saisons, et vers une diversification par rapport à l’offre ski » et Marie Bonot a précisé que des devis avaient été reçus pour le tubing, le laser game, etc., qui sont des activités 4 saisons.

Dans les conditions particulières qui ont prévalu cette saison, l’OT a mis « en place un programme d’animations plus conséquent. Les vacanciers se sont rendu compte que les acteurs de la station ont fait tout leur possible pour l’ouverture du domaine et leur permettre de passer de bonnes vacances. » Ont ainsi été proposés le yoga (Claire Martin-Cocher, qui a séduit 65 personnes), les ateliers bougie (Guillaume Martin-Cocher, 175), les soirées à Saint-Alban (94), les ateliers stylo (Simon Cartier-Lange, 170), la soirée conte avec Zian des Alpes (46), les balades en raquettes (11) ou aux lampions (94), les givrés warrior (30), le biathlon (80), la draisienne (40), l’atelier maquillage (9), le tir d’érable (15), le karaoké (20 personnes à une séance, mais personne à l’autre), un concert (15), le loto (200), etc. D’autres ont du être annulées par manque de neige (la course de ski alpinisme la Sybelles-villarinche, pour laquelle 120 personnes étaient inscrites) ou de participants (un atelier maquillage, toutes les sorties nocturnes en raquettes, les cours de tricot, etc.). Selon la direction de l’OT, ces animations (proposées du 1er décembre au 25 mars) auraient rapporté 4 288 euros.

Quatre gîtes communaux étaient ouverts à la location touristique. Ils ont été loués 10 semaines (sur 48 possibles, 20 %) rapportant quelque 6 700 euros. On a compté une annulation à cause du manque de neige et 2 pour des raisons familiales. Sur ce point des annulations, Patrick Martin-Fardon a estimé qu’il fallait « revoir la politique commerciale des résidences concernant l’annulation de séjour, car l’hébergeur est le premier contact et c’est également à lui de bien communiquer ». Trois gîtes communaux sur les 4 autres disponibles étaient loués à des saisonniers (2 500 euros environ).

Ont été relevés comme « facteurs de satisfaction » : les navettes vers La Toussuire, la bonne entente dans l’équipe de l’OT, sa polyvalence, la nouvelle direction, les prestataires extérieurs (biathlon, Zian des Alpes, les givrés warrior), la participation des associations (La Fine Équipe pour la décoration de Noël de l’OT, les Amis des Villards pour le cinéma, d’autres pour la tenue des buvettes, les ventes de pizzas, de crêpes, etc.), l’ouverture de la bibliothèque, etc. Les « facteurs d’insatisfaction » sont connus car récurrents : problèmes de matériel dans les gîtes (ampoules, téléviseur, aspirateur, etc.), le manque de matériel et notamment d’une sono propre à l’OT (ce qui a nécessité d’utiliser celle de Saint-Alban et entraîné de la manutention…), le dysfonctionnement fréquent de la webcam, un débit Internet faible, un manque de commerces, un manque de moyen budgétaire pour programmer des animations plus nombreuses. À cela s’ajoute cette année, de manière surprenante, l’ESF « quasiment injoignable selon le retour des clients », et, plus attendue, la « communication » avec À la Croisée des chemins…

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(*) Présents : Françoise Combet-Blanc, Jacqueline Dupenloup, Brigitte Maurino, Claire Martin-Cocher, Philippe Bost, Patrick Martin-Fardon, Julien Mairot, Pierre-Yves Bonnivard. Invitée : Marie Bonot, directrice de l’OT. Absents : Bernard Wyns, Yannis Nacef, Monique Bret-Vitoz.↩︎
(**) Cette citation et les suivantes sont extraites du compte rendu de la réunion du conseil d’administration de l’OT du 11 mars 2024.↩︎

■ Photos : la Maison du tourisme. – (Photos de l’Espace Glandon.) 

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