Paul Paret : « Quelle DSP choisir et comment la conduire ? »
Quel pourrait-être le chemin qui permettrait de pérenniser le ski à Saint-Colomban dans des conditions acceptables en termes de financement ? En 2023-2024, le déficit était de 653 000 euros soit 880 121 euros avec la correction de la chambre régionale des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes (lire ICI).
Nous avons des obligations :
• diminution impérative de la participation budgétaire communale consacrée à la gestion du domaine skiable ;
• le préfet nous presse à un partenariat constructif avec la Soremet, mais ne rend pas impossible une participation budgétaire de la commune à cette condition. En effet, le préfet ne s’est pas opposé à une continuité de financement de la commune par investissement et participation communales mais avec une collaboration active avec la Soremet (retour de sa visite en mars à confirmer) ;
• réalisation à très court terme d’un projet de téléporté sur Téchette, avec recherche de son financement (délai : fin 2026) qui apporterait une meilleure rentabilité par diminution du déficit d’exploitation et par augmentation du chiffre d’affaires (CA) à la billetterie (1 million d’euros de CA à l’ouverture du téléporté peut être envisagé) ;
• éviter l’arrêt du ski sur Saint-Colomban qui serait catastrophique pour nos villages. Les artifices proposés en reconversion et en remplacement sont utiles, mais illusoires en termes de développement économiques.
Pour une DSP globale
Si Saint-Colomban veut survivre, la commune dispose de 2 ans de délai maximum pour une transformation radicale. Le but premier est que, une fois l’investissement de ce téléporté réalisé, la commune se consacre à sa mission de gestion de l’espace communal en se dégageant de l’exploitation des remontées mécaniques bien qu’elle doive garder une attention particulière à cette activité et à sa rétribution financière. Pour ce faire, il serait judicieux d’envisager une période de transition de deux ans, soit avec une exploitation globale définitive du domaine à la charge de la Soremet ou une exploitation temporaire en deux structures :
1 – une DSP globale à la société Savoie stations domaines skiables (SSDS), qui gère actuellement le domaine skiable, ne va pas résoudre nos problèmes de dépenses et d’investissements à court terme. En effet, qui va se déclarer candidat à l’exploitation si la commune ne propose pas une contribution importante au budget, même la Soremet sera prudente et n’envisagera pas une exploitation à sa charge sans une période d’adaptation et sans des conditions discutées et déterminées d’un commun accord.
En effet renouveler une DSP comme les années passées avec un seul exploitant, dont la commune est la contributrice unique, ne permettra ni de minorer nos déficits, ni de dégager des marges, ni de préparer notre avenir. Ce serait encore une année pour rien en dehors de pérenniser le ski et de réaliser les grandes visites nécessaires à l’exploitation. Cette solution ne peut être envisagée sereinement.
2 – une DSP partagée permettrait d’envisager plus sereinement la continuité du ski pour Saint-Colomban. En effet ce type de DSP permet de :
• minorer le budget d’exploitation, par conséquence notre contribution budgétaire au domaine skiable (moins de domaine c’est moins de charges et moins de frais de personnel) ;
• minorer le déficit par le partage des charges d’activités du domaine ;
• dégager des marges nouvelles, pour financer le futur téléporté ;
• participer à la création d’un climat de confiance entre la commune de Saint-Colomban et la Soremet ;
• lier les deux partenaires par un protocole d’accord anticipant une collaboration future pour la mise en place d’un téléporté ;
• préparer en partenariat le financement du téléporté, avec un engagement sur le budget de contribution à cette installation ;
• de monter ensemble un dossier de financement pour ce téléporté avec l’accord de la préfecture, les aides de la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’aide de notre députée Émilie Bonnivard, par le fonds d’accompagnement et de soutien territorial (FAST) du chantier du Lyon-Turin, et toutes les autres possibilités disponibles à rechercher.
Pour ce faire nous pourrions proposer une répartition du domaine skiable suivant le schéma suivant : une partie basse à la charge de Saint-Colomban, via SSDS, et une partie haute à la charge de nos partenaires, Soremet.
Gestion de la partie basse : la commune pourrait opter pour une DSP d’un an ou deux, complémentaire avec SSDS ; à charge, gestion du front de neige, du secteur Ormet, incluant le télésiège de l’Ormet, le damage et le secours, la neige de culture jusqu’à Téchette (du fait de l’obligation due à l’usine unique basse).
Gestion de la partie haute : la commune pourrait opter pour une DSP avec la Soremet, avec gestion de la combe de Bellard, téléski de Cuinat, télésiège de col de Bellard, damage et secours.
Reste la gestion de la liaison entre le bas et le haut par le télésiège de Charmette, et ici, il faut faire des propositions novatrices. Ce télésiège de Charmette pourrait être tenu en partenariat, ce qui permettrait avec une exploitation partagée, de garder la liaison, d’engager des économies en diminuant les coûts financiers d’exploitation pour les saisons 2025-2026 et 2026-2027. Ce partenariat permet d’envisager ensemble, la création d’un téléporté de remplacement.
Ce télésiège de Charmette et ses contraintes d’exploitation peuvent s’organiser en frais partagés :
• frais de personnel, 50/50, station basse Saint-Colomban et station haute Soremet ;
• le plan d’intervention de déclenchement des avalanches (PIDA) en partenariat, minage par le haut à la Soremet, dégagement de la neige sur les Écolors à Saint-Colomban ;
• damage des pistes de descente partagé, point de jonction le « S » au-dessus des Écolors ;
• charge des secours, au-dessus et en dessous du « S » des Écolors.
Faisabilité financière d’un téléporté
Sur le compte de gestion de la commune et des remontées mécaniques on constate :
• un budget global des remontées mécaniques voté en avril 2025 de 1 263 762 euros ;
• je n’ai pas connaissance du détail des emprunts, mais ceux qui concernent le domaine skiable sont à priori échus (à confirmer) ;
• un budget de la commune en 2025 de l’ordre de 2,7 millions d’euros ;
• un endettement de la commune de l’ordre de 3,25 millions d’euros (sans indication, route de La Pierre, station épuration ?) ;
• un remboursement annuel d’emprunts communaux et de dettes assimilées de 485 000 euros en 2024, se terminant à priori en 2030 (à confirmer).
Pour le financement du téléporté, il pourrait-être envisagé de financer cet équipement par une contribution votée sur le budget municipal de l’ordre de 400 à 500 000 euros annuels et par un emprunt sur 15 ans de 500 000 euros annuels d’annuités, soit de l’ordre de 7 millions d’euros. Ce montant de 900 000 à 1 000 000 d’euros annuels sur 15 ans peut-être le point de départ de nos discussions de DSP avec la Soremet. Soit sur 15 ans un montant global d’environ 12 à 14 millions d’euros. Pour un accord de partenariat, la Soremet devrait s’engager sur un investissement participatif de l’ordre de 7 millions d’euros, soit un global de 19 à 21 millions d’euros. Je rappelle que le téléporté chiffré à 14 millions d’euros en 2019, est aujourd’hui estimé à 22 millions d’euros. Je rappelle qu’en 2016, la commune avait des emprunts historiques (pas de détails) de l’ordre de 8 millions d’euros (route de La Pierre, station épuration, etc.). Pour la DSP en exploitation par la Satvac en 2016, la commune payait une compensation financière à l’origine de 385 000 euros à la Satvac pour lits non construits. Cette compensation devait-être ramenée à 137 500 euros en 2016-2017 pour les 380 lits, chalets de Belledonne, et les 100 lits du camping construits en 2016-2017.
Avant 2016, des investissements sur les remontées mécaniques ont toujours été annexés à cette compensation financière. La commune a opté en 2016-2017 pour un ÉPIC, ce qui l’a conduit aujourd’hui à une situation financière beaucoup plus dégradée.
Conditions techniques à régler
Quels sont les points qui resteraient à résoudre pour envisager un possible partenariat :
• un tour de table est inévitable au préalable à ces DSP avec les représentants de SSDS et surtout de la Soremet, présentations et discussions cartes sur tables de nos difficultés et du souhait d’une collaboration permettant un retour à l’équilibre financier ;
• présentation de cette étape de transition de 2 ans, avec la création de deux DSP complémentaires, basse et haute ;
• définitions des prises en charges techniques de chaque entité, basse et haute ;
• discussions sur la clé de répartition du CA de billetterie et des charges de personnels billetterie. C’est certainement un des points critiques des discussions ;
• discussion sur les contributions de chaque partenaire au budget global des coûts d’exploitation ;
• qui participe aux grandes visites des remontées mécaniques, la commune ou répartition différente : télésièges de l’Ormet pour Saint-Colomban, télésiège de Charmette 50 % Saint-Colomban et 50 % Soremet ? ou autre répartition ?
• comment la Soremet inclut sa participation de compensation de 300 000 euros attribuée en 2024-2025 ?
• finalisation des accords et des conditions des deux DSP, avec signatures des documents de DSP.
Il faudra dès lors jeter orgueil et fierté par la fenêtre et jouer carte sur table, il en va de notre survie. Nous n’avons qu’une seule option pour sortir de cette situation, c’est user de tous les moyens possibles et de tous les appuis disponibles pour la réalisation d’un téléporté sur la combe de Bellard, à Téchette. La coopération avec nos partenaires des Sybelles est obligatoire par la signature à terme d’une DSP globale avec la Soremet. Pour ce faire nous devons faire appel à toutes les compétences et autorités susceptibles de nous apporter aides et recours dans nos démarches et en particulier, la mise en place de deux DSP liées par un pacte d’entraide, et la construction à terme de ce téléporté.
Toutefois, les deux conditions sine qua non pour la signature d’un accord de DSP sont :
1 – Saint-Colomban ne peut donner son accord à l’utilisation par un tiers de son domaine de Bellard sans avoir en retour l’assurance et l’assistance que ce tiers exploitant favorisera en contrepartie obligée, l’accès et la création partagés d’un téléporté d’accès au domaine des Sybelles pour la station de Saint-Colomban ;
2 – Saint-Colomban doit définir par contrat, même en cas de DSP globale à charge de la Soremet, à un retour sur investissement par un compte prorata sur le CA de la billetterie (à définir avec un conseil extérieur). Un intéressement de 15 à 20 % du CA de billetterie pourrait-être une base de proposition préalable !
Conclusion
À force de tergiverser et de ne rien décider lors des deux dernières mandatures, Saint-Colomban a perdu beaucoup de temps, beaucoup d’argent, et nous nous retrouvons aujourd’hui dans une position bien plus critique qu’en 2016.
Monsieur le maire il est grand temps de décider et de construire avec nos partenaires un programme commun d’avenir. Seuls nous sommes condamnés à fermer notre station, je souhaite que ce ne soit pas votre projet !
Si Monsieur le maire ne veut pas porter ce projet, il faut qu’il le dise clairement, et qu’il ne cherche pas des excuses ou des justificatifs à sa gestion. Dans ce cas, il faudra que le conseil municipal prenne en charge ce projet, qu’il se motive autour d’un noyau dur. Une personne représentative, volontaire et déterminée peut le porter.
Le conseil municipal, devra se faire guider par un conseil extérieur, indispensable pour cette mission, qui demande beaucoup d’engagement, de qualification et de détermination.
Le temps nous presse.
Paul Paret (*)
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(*) Paul Paret est membre de la commission communale du domaine skiable de Saint-Colomban-des-Villards. Les points de vue publiés en tribune libre n’engagent que leurs auteurs et aucunement la rédaction du Petit Villarin. Il ne nous appartient pas de corriger les informations erronées qu’ils pourraient contenir.